Salut, moi c'est Marco. Et toi ? Bienvenue sur mon modeste blog de voyage. J'ai roulé ma bosse par-ci, par-là et ai toujours plus faim de découvrir le monde.
J'ai 27 ans, je suis Breton – et certains disent que ça expliquerait pas mal cette envie de bouger et d'aller goûter vers des horizons lointains, vers des pays qui, à certains trop encroûtés dans leurs certitudes et leurs peurs, font peur...
J'ai fait le pari que le monde est plein de personnes bonnes, généreuses, amicales – même si mon optimisme ne fait pas de moins un inconscient : bien sûr, il y a des salauds, des idiots, des profiteurs, des gens dangereux, mais ils ne sont pas la norme, et je ne vais pas me pourrir la vie en m'obsédant à ce sujet.
Lors de mes voyages j'ai vécu parfois des séjours prolongés, notamment en Amérique centrale, vivant de petits jobs ou donnant des coups de pouce à des ONG. C'est pourquoi je parle ici pas mal de cette zone où j'ai baroudé.
Je reconnais être un photographe médiocre, mais je m'améliore, hein, avec le temps. Ah, et je suis célibataire... Rien à voir ? Certes ! Mais à bon entendeuse... Hahaha !
Dans la série des destinations bourrées de clichés, il y a Paris et sa tour Eiffel, New York et Manhattan, Cancun et ses plages de rêves aseptisé(e)s… Et puis il y a la Colombie. Tout de suite, vient la peur, puis la curiosité. Mise en jambes avec ce petit condensé d’une conversation typique des réflexes primaires quant à l’annonce de mon prochain voyage auprès de mes chers collègues (ou autres humains non avertis). Mickaël, qui y a voyagé voilà quelques années, livre ici son impression personnelle.
(Toute ressemblance avec une discussion de pause café ne serait pas que purement fortuite.)
« – Quoi ?!? La Colombie ?!? Mais c’est dangereux !!
– Ah bon, tu y es déjà allé ?
– Euh… non (accompagné d’un petit rictus signifiant « no way »… pathétique).
– Donc tu dois être bien renseigné ? Tu as des amis qui y sont allés ?
– Non plus…
– Bon, ben je pense qu’on en rediscutera alors ! »
Voilà une conversation super banale, me direz-vous, et pourtant plutôt révélatrice de la peur qu’inflige encore la simple mention du mot « Colombie » en public, et le refus de considération en tant que destination touristique à part entière. Monsieur Dupont n’est pas prêt à risquer sa peau et ses pantoufles pour rejoindre le pays de l’Eldorado ? Hé bien, c’est tant mieux ! Il est des pépites qu’on garde jalousement, et ce pays en fait partie.
Une pulsion sous influence musicale
Comme pour d’autres voyages, le premier déclic fut pour moi une découverte musicale. Par le biais d’un CD retrouvé chez un pote, mes oreilles vibrèrent un soir au son de la cumbia, et là, l’intérêt s’éveilla. Bon, j’avoue que j’ai mis quelques années à me décider, à creuser les styles et les variantes et rien n’y fait : je ne décroche pas. Que du son qui fait bootyshaker dans les casas : la salsa, le vallenato, la gaita, l’électro-cumbia ou la nouvelle scène hip-hop caribéenne… enfin tout ça !
Ayant déjà fait d’autres voyages en Amérique latine les années précédentes (Mexique, Costa Rica, Argentine), j’avais également eu l’occasion de croiser d’autres routards… et je bavais littéralement devant leur enthousiasme à me conter les richesses dont recèle ce pays passionné, et passionnant.
Armes, narcotrafic et corruption… tout ça existe réellement et je ne le minimise absolument pas. C’est juste que la situation a changé, et que les habitants sont prêts à s’ouvrir, pour peu que vous mettiez de côté l’image véhiculée par les scènes des blockbusters américains. Oui, on peut prendre un vol direct Paris-Bogota avec son sac à dos préféré et vivre une fantastique aventure, improviser et s’ouvrir.
Pour le reste, les règles de sécurités sont les mêmes que dans les pays environnants. Tout comme les consignes ultra-alarmistes du ministère des affaires étrangères… Rassurant, non ?
Voilà donc pour les premières appréhensions. Je vous laisse avec une campagne touristique pleine d’humour, et une petite note de poésie, le tout composés par les professionnels du tourisme colombien…
La technologie actuelle permet aux compagnies aériennes de mieux contrôler leurs paramètres de vols, bénéficiant par son efficacité les voyageurs. La sécurité s’en trouve renforcée et les prix en général, par la concurrence entre compagnies ont une tendance vers la baisse. De plus en plus de voyageurs peuvent ainsi se déplacer et se rendre vers des destinations lointaines et exotiques. Nous savons aussi que cet accroissement de passagers et de touristes apporte de graves complications pour de nombreux sites qui se trouvent alors surchargés.
Un autre problème semble se développer au sein des compagnies aériennes : la contraction des vols, que de nombreux passagers constatent à la dernière minute.
Dans des bureaux de surveillance des vols (réservations, capacités de vols, prévisions) dont dispose chaque compagnie aérienne, il est possible, grâce à de puissants logiciels de prévoir le nombre de passagers sur chaque vol. Lorsque je travaillais avec Air France dans le cadre de la classe franco-américaine pour faire voyager nos milliers d’enfants français de 10 ans de la France vers les Etats-Unis et vice versa les enfants américains de l’Amérique vers la France, je me rendais dans les bureaux d’Air France au John Hancock à Chicago, ville où se trouvait notre siège social. Là, Dennis m’attendait pour parler réservations. Le départ et retour des classes n’étaient pas des jours obligatoirement fixes car les enfants pouvaient partir n’importe quel jour en dehors des dates de vacances. C’était un programme scolaire qui avait toujours lieu pendant l’année scolaire.
Dennis, déjà en 1975, pouvait voir sur son écran les réservations et les prévisions de vols pour toutes les saisons. Comme nos enfants voyageaient en dehors des weekends et des dates ultra chargées, il était facile de caser une classe ( 30 passagers) ou deux ( 60 passagers) sur des vols qui s’avéraient quasiment vides. Sur un Boeing 747 Chicago-Paris où l’on avait deux mois avant le départ, trente passagers réservés fermes, pas de problème d’y mettre jusqu’à 3 classes, environ 90 passagers. Le prix de la place était évidemment des plus bas, frisant dans les années 80, 120 dollars aller et retour. Nous étions, Air France et notre association, gagnants.
Ce système devint systématique chez toutes les compagnies pour vendre des blocs de sièges à des organismes comme Expedia, Kayak ou E Bookers. Grand nombre et prix bas.
Mais un autre processus apparaît au détriment des passagers : la contraction des vols. L’exemple est apparu dans toute sa splendeur avec dernièrement des vols sur Royal Air Maroc. Si la compagnie a deux vols dans la journée et qu’il apparaît que le nombre de sièges réservés est en dessous d’une tolérance et d’une rentabilité, le vol est alors annulé et combiné en un seul vol de la journée. L’un d’eux est alors tout simplement annulé. La raison donnée est une panne technique qui cloue l’avion au sol. De plus comme la communication est rapide et immédiate un SMS est envoyé aux passagers pour les informer de l’annulation d’un vol et qu’ils ont été mis sur un autre vol. Le tour est joué : économie d’un vol, diminution de la dépense en carburant, en personnel et en frais de stationnement. La compagnie y gagne gros sans pour autant compenser les passagers qui souvent ne connaissent pas les règlements d’annulation.
Une autre façon d’opérer est aussi efficace et cette méthode a été appliquée à nouveau par Royal Air Maroc.
Cette compagnie a tous les jours deux vols de Marrakech, l’un vers Bordeaux et l’autre vers Marseille. Ce jour-là, les deux vols étaient loin d’être complets. Royal Air Maroc décida alors de regrouper les passagers sur un seul départ. Le vol devint Marrakech- Marseille avec escale à Bordeaux. Le vol devint deux fois plus long. Au lieu du vol direct Marrakech-Marseille direct, en général plus cher, il se transforma en Marrakech-Marseille avec escale à Bordeaux. Mêmes économies : un vol en moins avec gain sur le carburant et le personnel.
Quelques jours plus tôt c’était le vol Marrakech-Marseille détourné sur Toulouse. Les passagers du direct Bordeaux Marrakech durent faire le détour par Marseille.
Si cet exemple est flagrant, dans de nombreux pays, il devient de plus en plus fréquent. Comme la plupart des passagers ignorent les règlements qui s’appliquent aux incidents créés par les compagnies aériennes, c’est tout bénéfice pour la compagnie.
Lorsque je soulevai le problème avec Royal Air Maroc comme je le fais toutes les fois avec n’importe quelle compagnie, la réponse est la même comme l’indique celle de Royal Air Maroc :
Nous avons bien reçu votre courrier et nous sommes désolés pour les désagréments éventuellement subis. Nous vous assurons de notre engagement à mener les investigations nécessaires et à apporter une réponse appropriée à votre requête, dans un délai moyen de 40 jours ouvrables.
Pour nous aider à traiter plus rapidement vos requêtes, nous vous prions de reprendre dans vos prochains courriels la référence indiquée en objet et nous les transmettre à l’adresse: serviceclientele@royalairmaroc.com, ainsi que tout document qui peut être considéré comme justificatif de voyage. Nous pouvons avoir aussi besoin de votre Relevé d’identité Bancaire pour les cas qui ouvrent le droit à un remboursement en numéraire.
Des originaux de documents sont nécessaires dans certains cas tels que :
– Une procuration avec signature légalisée en cas de délégation à une personne tierce autre que le client passager
– Les factures de frais encourus…
Ces documents doivent être adressés par courrier postal en reprenant la référence indiquée en objet à :
Royal Air Maroc
Service Réclamations Clients
Aéroport casa-Anfa
Casablanca – Maroc
La compagnie offre ainsi la possibilité de recevoir « un remboursement en numéraire ». Le client est satisfait de sa démarche et ne poursuit pas plus avant sa curiosité. Mais uniquement le passager qui s’est plaint recevra une telle réponse.
Aux Etats-Unis, la réglementation est appliquée avec beaucoup plus de rigueur mais encore en faut-il en faire la demande. Une compensation de 150 dollars à plus de 300 dollars peut être reçue par les passagers.
Cet article est un avertissement pour tous les passagers : vous avez des droits vis à vis de toute compagnie aérienne. Et tout incident, retard prolongé, changement d’itinéraire, annulation de vols donne droit à des compensations bien établies. Malheureusement l’Europe est très laxiste concernant ces droits. Quant aux pays en voie de développement même si la compagnie a signé un accord avec l’IATA, les droits des passagers sont bafoués.
Enfin pour terminer, l’incident qui suit n’est plus possible heureusement. J’en ai été le témoin direct. Dans mes accords avec Air France, je voyageais en première classe sur les vols Air France. Je m’apprêtais à rentrer à Paris de Miami. Les passagers première étaient installés quand une hôtesse vint prévenir deux passagers première avec billet à tarif plein qu’ils étaient transférer en classe économie. Ils seraient évidemment remboursés de la différence. Le vol première était complet. Les deux passagers étonnés acceptèrent de passer à l’arrière du Boeing 747.
C’est sur l’ordre du commandant de bord que l’opération se fit. Il avait besoin de ces deux sièges pour des GP ( billets réduits ou gratuits). Ces GP étaient sa femme et sa fille !
Je ne connais pas la suite de cette affaire, l’ayant pourtant signalé aux services Air France. Les passagers ont dû être dédommagés, je l’espère.
[NB : Cette étude est parue dans le livre « Tourisme de destruction massive » ( L’Harmattan) paru en 2011.]
Songkran, le nouvel an Bouddhiste, ne se limite pas à lancer de l’eau dans la rue sur les passants, il y a une vraie signification derrière cette tradition. Un article de Laëtitia Bisiaux, d’Active Conservation Travel
Songkran est d’abord et avant tout pour les Thaïlandais un moment de retrouvailles et de partage en famille. Trois jours fériés pour y accomplire des rites. Les membres de la famille versent de l’eau parfumée au jasmin sur les mains de leurs ainés. Ils reçoivent en échange leur bénédiction. Les familles vont au temple, font des offrandes, et versent de l’eau sur des statues de Bouddha. Les gens s’arrosent ensuite dans la rue. C’est une manière de se purifier et de commencer l’année lavé ses péchés.
Nombreux sont les touristes qui viennent à l’occasion de cette fête. La tradition est alors quelque peu sacrifiée. Une horde de touristes surexcités déboule dans les rues de Chiang Mai. Chacun est armé du dernier pistolet à eau en plastique couleur fluo et porte le T-shirt de la « full moon party ». Hurlements, musique électro à plein régime, bière qui coule à flot… bien loin la tradition et des moments de partages dans les familles. A noter que certains se passeraient de seaux d’eau glacés ou de l’eau verte du canal (pas vraiment pure), notamment les conducteurs de motos et de vélos. Attention aux accidents !
Dans quelques semaines, je pense me rendre à Londres pour quelques jours avec mon pote Antoine. Ce sera l’occasion, je pense, de visiter quelques musées et lieux insolites de la capitale britannique, parmi lesquels la Dennis Severs’ House.
Pour préparer mes voyages, j’ai pris l’habitude de chercher sur Internet les lieux et les musées insolites. Je cherche donc souvent d’abord en français, puis en anglais (pour Londres, par exemple, ça donnerait London + uncommon). Coup de bol, sur Voyageurs du Net, j’ai trouvé cet article sur le thème « Londres insolite ». C’est là que j’ai appris l’existence d’un singulier endroit de la capitale anglaise : la maison de Dennis Severs.
Le concept est vraiment hors norme et son fondateur, Dennis Severs, le détaille assez longuement sur le site du musée : « Les dix chambres de la maison entretiennent dix « sorts » qui engagent l’imagination du visiteur dans des ambiances qui ont dominé diverses périodes entre 1724 et 1914 ».
Pensées comme des tableaux d’intérieur (abritant notamment des natures mortes), chaque pièce expose un style mobilier distinct et évoque un moment de la vie des successives générations de la famille Jervis qui y aurait vécu de 1725 à 1919. C’est donc un véritable voyage à travers le design et à travers le temps qu’invite cet endroit. Mon pote Antoine, avec qui je me rendrai là-bas à l’occasion de la Coupe du monde de rugby (le fan, c’est surtout lui, mais j’ai accepté de l’accompagner à deux matches, pour l’expérience, moi qui n’y connaît rien à ce sport), et qui a le goût des visites hors norme, devrait adorer la petite surprise que je lui prépare en visitant cet endroit à la fois hors du temps et à la fois… voyage dans le temps.
Peut-être vous en reparlerai-je donc vers début octobre. On s’y rend en effet dans la deuxième quinzaine de septembre, avec notamment au programme le match de poule France-Italie, au stade de Twickenham.
J’ai eu l’occasion de visiter Budapest, hélas ! trop brièvement, voilà déjà quelques années : c’était à l’été 2012. J’étais accrédité pour couvrir le colossal festival annuel de Sziget et n’ai donc, à la vérité, que peu profité de la ville, parcourue seulement deux demi-journées. C’est évidemment trop peu. Mais j’en ai rapporté quelques photos, que je vais partager ici… et un sentiment persistant qu’il me faudra y retourner un jour, car les bains thermaux de Budapest, hérités de la période ottomane et dont le prestige dépasse de loin les frontières nationales, m’ont enchanté ! Et sans parler de ses musées…
Visiter une ville en 2 journées n’a jamais été mon type de voyage. On n’a le temps de s’imprégner de rien. Cela n’a pas plus de sens qu’un repas gastronomique avalé en 15 minutes. Ou bien on va au McDo et on mange en 15 minutes de la malbouffe industrielle aux saveurs chimiques (ce que j’aime bien faire de temps à autre : je reconnais mon péché) ; ou bien on va dans un restaurant par amour de la gastronomie, et l’on déguste. Les voyages, c’est pareil : je n’ai jamais aimé le fast travel. Mais les circonstances de cette visite de Budapest ont été peu propices à la flânerie… Car j’étais chargé de couvrir le festival Sziget 2012. Un beau souvenir, du reste, même si, au fond ce type d’événement n’est qu’une gigantesque célébration capitalistique où tout coûte la blinde et où, fondamentalement, les festivaliers avec leur « pass » s’achètent un droit de se comporter comme de grands enfants pendant quelques jours… Au temps du capitalisme infantilisant, rien de plus logique sans doute.
Hormis une vague promenade au hasard des rues, sans avoir rien lu auparavant (certains trouvent que c’est la meilleure façon de connaître une ville : je ne suis d’accord qu’à demi : on ne voit que des vieilles pierres lorsque l’on ne sait pas quelle histoire elles traduisent), les visites ont donc essentiellement visé les bains thermaux, et en particulier, les plus beaux et, à coup sûr, les plus touristiques : Szechényi et Gellért.
J’ai beau avoir de sérieuses réserves quant au tourisme en général, je ne suis pas du genre non plus à éviter absolument ce qui est connu au prétexte que c’est touristique. En haute saison et en pleine période de festival, la foule était nombreuse mais je n’ai pas boudé mon plaisir — et je ne le regrette pas !
Széchenyi
Parmi les bains thermaux que j’ai pu visiter, ceux de Széchenyi ont ma préférence. Situés dans le 14ème arrondissement de Budapest, ces bains ont une architecture néo-baroque tardive (début du XXème siècle) d’une grande élégance. La température des piscines est entre 27 et 38°C toute l’année : les images des bains en plein hiver m’ont particulièrement impressionné, surplombés de nuages de vapeur marquant le contraste entre le froid continental, rigoureux, de la ville… et la chaleur de l’eau.
Des enfilades de salles situées dans les ailes abritent des saunas, des hammams et des piscines de températures très variables. Le plus délicieux était sans doute le passage d’un sauna à 70°C… à un petit bain d’eau à 10°C. Naturellement, j’y sautais et n’y restais pas bien longtemps. Ah ! comme je rêve de vivre dans une ville où existerait un tel délice !
Gellért
Quiconque va visiter Budapest se voit recommander, parmi les thermes, ceux de Gellért, les plus beaux avec Széchenyi. Une déco art nouveau davantage dans l’air du temps (quoique avec quelques années de retard sur les tendances anglaise, belge, italienne et française) que celle, néo-baroque, de Széchenyi, qui font des bains Gellért un endroit particulièrement somptueux ; de nombreux bains… et, notamment, une piscine à vagues : voilà ce qui fait le charme singulier de ces thermes.
J’ai vécu un an à Bruxelles, une ville étonnante, chaleureuse où je confesse que, si je n’étais pas parti en Amérique latine, j’y serais resté encore quelques années. Ayant organisé mon agenda monacal autour de la préparation d’une Licence en Histoire de l’art, j’ai, au fond, assez peu découvert l’insolite qui à Bruxelles abonde. Mais à la parcourir à pied en long, en large et en travers, j’en garde une petite collection de photos d’art urbain et de graffiti.
La capitale du Royaume de Belgique et de ce monstre bureaucratique et néolibéral qu’est l’Union européenne, a été mon domicile durant un an, de septembre 2011 à fin août 2012, avant que je ne m’envole pour l’Amérique latine.
Il y a beaucoup à dire de cette ville attachante qui, de prime abord, ne fait guère l’effet d’une grande capitale européenne écrasée d’histoire, mais bien plutôt celui d’une paisible ville provinciale. J’ai même tendance à penser que la bonhomie, une certaine tendance à la légèreté et à la poésie que, à tort ou à raison, on attribue aux Belges, vient de ce que le pays, au fond, n’est pas si écrasé par l’orgueil de son passé que les immenses puissances coloniales que furent la France ou le Royaume-Uni.
Sans atteindre à l’éclat de Paris, Rome, Prague, Madrid ou de la plus proche Bruges (l’une des plus belles villes que j’aie visitées de ma vie, à côté de Naplouse ou Paris), Bruxelles est une ville très riche de découvertes et de surprises, cosmopolite et très diverse. J’estime sa Grand Place parmi les plus belles d’Europe, son Musée royal, où abondent les Anciens maîtres, un coffre aux trésors (Primitifs flamands, Bruegel, Rubens…), son Musée Magritte passionnant, son patrimoine architectural riche de merveilles… A l’écrire, me reviennent des souvenirs, des sensations de cette vie bruxelloise, me remonte une nostalgie.
Je crois que j’ai préféré la vie à Bruxelles que celle à Paris, ville passionnante mais humainement rude, frénétique. Pas de frénésie à Bruxelles ; la ville a son rythme, paisible. Sans démesure architecturale, Bruxelles (moins peuplée que Paris et cependant plus étendue géographiquement) n’est pas une ville écrasante de verticalité comme d’autres capitales européennes. Pour ses parcs, pour certains bâtiments étonnants, pour la chaleur humaine que j’y ai ressenti pour son centre historique, pour ses étangs et ses quartiers populaires, pour ses musées improbables (Musées du cacao et du chocolat, de la bière, du slip, de la frite, du jouet, de l’Art fantastique…), pour sa diversité, c’est une ville que je chéris.
Que l’on s’y rende depuis Paris, Cologne, Lille, Bruxelles est évidemment une capitale excellemment desservie : j’y suis souvent aller en covoiturage depuis Paris, plus rarement en Eurostar ; Bruxelles est également accessible en avion avec RyanAir.
Mais j’en viens à mon sujet : l’art de rue. Statues étonnantes et comiques, fresques murales en hommage à la bédé, art auquel la Belgique a apporté une très majeure contribution, œuvres contemporaines burlesques, graffiti : j’ai rassemblé une série de photos qui, si elles ne parviennent pas à rendre l’atmosphère et l’esprit bruxellois, en donnent des indices.
Tous les jours, sur le chemin du boulot, de la bibliothèque ou de la maison, ce graff me faisait marrer : qui diable pu dessiner un steak ? Pour conjurer quelle faim ou s’attirer quelle propitiation des dieux de la Viande? (Saint-Josse ten Noode)Les saints aux yeux peints pour évoquer le rimmel, au portail de l’église du Gesù, église désaffectée de style Art déco, près du métro Botanique (Saint-Josse ten Noode)L’église du Gesù est devenue un squat : ici, la vue sur les fresques depuis derrière l’église (Saint-Josse ten Noode)
Cochons sauvages de la Place de l’Espagne, centre historique (ou « Bruxelles 1000″, nom communément donné en raison de son code postal)Une des fresques en façon d’hommage à la bande dessinée (Bruxelles 1000)A l’été 2012, le Parc royal accueillait une exposition de sculptures fantaisistes selon quatre moules on ne peut plus belges par le thème et par l’autodérision du choix de ceux-ci : une chope de bière débordant de mousse, un cornet de frites, une moule et un choux de Bruxelles. Ici, un cornet de frites et de fleurs, en façon de bouquet : « Dites-lui avec les frites ». Des frites, de l’autodérision, de l’humour absurde : l’esprit belge résumé en une image.
C’est tout au sud du Mexique et de l’État le plus méridional, le Chiapas, que se trouvent les lagunes de Montebello, un ensemble d’une cinquantaine de lacs au cœur d’une forêt de conifères. En 2009, soit 50 ans après sa constitution en parc national (le premier du Chiapas), l’Unesco l’inscrivait comme réserve de la biosphère en 2009. Un article de Mikaël, de Voyageurs du Net, initialement destiné à être publié sur Check In Trivago.
Sans être un secret ni un lieu mystérieux et inconnu, le parc national des lagunes de Montebello est tout de même un peu à l’écart du grand axe touristique régional (Oaxaca-San Cristóbal de las Casas-Palenque). Certes, durant le parcours que nous y avons fait, nous y avons bien croisé quelques étrangers ; certes, nous y sommes allés un peu avant la haute saison touristique (c’était courant juin 2013), mais je pourrais parier que toute l’année, cet endroit demeure assez modestement fréquenté.
Résidant à Quetzaltenango, mon ami Marco et moi avons profité de la nécessité de renouveler notre visa touristique pour passer une semaine de vacances autour de Comitán de Domínguez, une petite ville calme et charmante. Quelques jours plus tard, nous partons en direction de Tziscao, village où se pratique le tourisme communautaire (les guides d’écotourisme solidaire « Echoway » y ont consacré une fiche), un des deux projets étant géré par la collectivité locale, l’autre par la coopérative de café bio.
Nous avons donc passé là deux nuits dans un bungalow en bois, rustique et confortable, à quelques mètres de la lagune homonyme du village. Par un fait de hasard, nous sommes arrivés un jour où un groupe de musique évangélique en tournée passait par l’église locale. Nous voilà bientôt assis à l’extérieur, dans l’odeur de grillades, à manger et causer un peu avec les villageois en fête.
Le lendemain, nous partons avec un guide faire une tournée des lagunes, aux confins du Chiapas. Le principe de sauter de lieu en lieu n’a pas nos faveurs habituellement, mais nous optons pour cette solution et, sous un soleil généreux nous voilà partis en pick-up. D’abord, nous partons pour une lagune (Yichen) traversée par la frontière mexico-guatémaltèque. Une ligne de délimitation faite de ballons flottants signale, au milieu de la lagune, la séparation entre les deux pays. Sans douane, nous passons côté guatémaltèque… où l’on nous apprend que celle-ci est située un peu plus au sud, sur une route.
Vue panoramique de la lagune Yichen, à cheval sur la frontière entre Mexique et Guatemala
La journée se passe entre baignades, dégustation de l’eau savoureuse et non-polluée des lagunes et promenades paresseuses. Une gêne pointe peu à peu, en sentant l’obscénité de notre présence de passagers friqués dans des espaces de grande pauvreté.
Et persiste, par ailleurs, ce sentiment de n’avoir pas « mérité » ces lieux visités. Pour avoir réalisé diverses randonnées plus ou moins ardues, nous savions l’un et l’autre que l’émerveillement est souvent moins dû au lieu en lui-même qu’à l’effort dont il est la récompense. Et c’est le regret majeur de cette excursion, une leçon pour nous. Du reste, il aurait été possible d’engager ce même guide pour nous accompagner en randonnée. Si c’était à refaire, ce serait à coup sûr en marchant : le plaisir et la fierté ne sont pas dans la collection et l’accumulation d’un maximum de lieux visités, mais dans le plaisir de la lenteur et la joie d’être ensemble, dans des rencontres simples et non motivées exclusivement par la transaction monétaire, et dans la récompense dérisoire mais méritée d’une vue sur des étendues d’eau dont la beauté, malgré tout, nous reste à l’esprit.
Métro, boulot, dodo : pour nombre de nos semblables, la vie quotidienne est réglée comme du papier à musique, soumise aux règles dominantes – acceptées ou intériorisées – du salariat et du crédit et au rythme des sonneries (réveil, téléphone, timbre de la pause au lycée comme à l’usine, micro-ondes, métro, etc.). Et il n’est pas étonnant qu’une majorité consomme les vacances comme elle vit : à un rythme anti-biologique, montre en main. D’autres, pourtant, préfèrent à cette frénésie « le luxe de la lenteur » et choisissent de voyager à vélo, pendant quelques jours, quelques semaines, voire quelques mois. Un article de Mikaël, responsable éditorial de Voyageurs du Net.
L’alternance du travail et des congés payés a été et demeure encore pour beaucoup le rythme ordinaire d’une année. La précarisation de l’emploi, pourtant, est en train de changer peu à peu le rapport des jeunes et des moins jeunes au travail, à l’épargne pour une retraite qui ne cesse de se faire plus hypothétique, le CDI cessant d’être la norme. L’obscénité du capitalisme financier et une certaine forme d’écœurement à l’endroit du consumérisme et de la publicité ont, chez beaucoup, conduit à une distanciation des mythes du capitalisme avancé… et à la conclusion qu’après tout, trimer 40 ans de sa vie dans un même travail pour une retraite qu’ils ne toucheront probablement pas, ne vaut sans doute pas la peine et qu’il y a mieux à faire de sa vie que repousser les rêves aux calendes. C’est ainsi que certains choisissent de partir à vélo pour quelques jours, quelques semaines et parfois bien plus.
Marion Martineau, compagne de Virgile Charlot avec qui elle forme le duo « Pignons-voyageurs », ici en photo sur les routes d’Oaxaca (Mexique) en 2014
La rupture n’est sans doute pas totale, mais souvent pondérée : alternent les périodes de travail et les périodes de voyage. Mais pas un voyage consommé à la va-vite : l’objectif est de ressentir la durée, de redécouvrir le « luxe de la lenteur », de retrouver l’émerveillement naïf face aux choses simples, tandis que les « experts » médiatiques ne cessent de vanter la « complexité »… et que l’épithète « simple » qualifie volontiers un idiot.
Pour Bertrand Scaramal, cyclo-voyageur patenté et animateur du blog « Le Braquet de la Liberté », voyager à vélo implique forcément de laisser place à l’imprévu, à l’improvisation, car « la surprise et l’émerveillement peuvent venir de partout en voyage et surtout hors zone touristique. Je n’ai pas gardé un seul souvenir marquant de tout ce que j’ai pu visiter de touristique, parce que déjà vu mille fois en photo, parce que le lieu est dénaturé par la masse de touristes et parce que trop souvent superficiel. Ce que j’aime c’est ces sourires chaleureux perdus dans les montagnes du Sichuan, c’est ses gosses sur-énergiques qui viennent me taper dans la main avec de grands « hello » au Laos, c’est cette vue magique qui vient récompenser mes efforts au sommet d’un col, c’est contempler les étoiles par la moustiquaire de ma tente après une belle journée de vélo… tous ses détails à quoi on ne prête plus forcément attention au quotidien, qui font le charme du voyage et dont les zones touristiques nous privent » (source : « Pourquoi voyager à vélo ? »).
« Le meilleur moyen de transport »
Joffrey Nanquette, lui aussi est amateur du cyclotourisme. Pour lui, qui a voyagé en France, en Espagne, a parcouru l’Amérique du Sud sur un vélo-triplette, ainsi que le Mexique et l’Amérique centrale (Guatémala, Salvador) « le vélo est le meilleur moyen de transport parce que tu as le temps de profiter du paysage, de t’arrêter quand tu veux ; [il] permet de s’approprier le lieu ».
Joffrey Nanquette et deux potes cyclo-voyageurs lors d’un voyage en Espagne
Marion Martineau et Virgile Charlot sont eux aussi adeptes du vélo. À l’été 2013, ils se rendent en Alaska, d’où ils partent pour rallier… Ushuaia, soit un voyage nord-sud à travers les Amériques, qu’ils racontent sur leur blog Pignons Voyageurs. Rencontrés alors qu’ils étaient de passage, au tiers de ce très long voyage, au Guatémala, ils confirment ce rapport au temps forcément alenti, cet aspect « minimaliste » qu’induit le voyage à vélo, cet émerveillement face aux petites choses du quotidien, soudain exaucé à une poésie d’éclats, de choses simples et fulgurantes comme un haïku. « Il y a aussi des rencontres qui nous marquent. Stan, par exemple, un mec qui voyageait à cheval dans les montagnes, qui a commencé à nous lire des textes qu’il écrivait… Dans la montagne ! On ne s’y attendait pas. Des pêcheurs à la mouche, aussi. Parfois, on a des instants de grâce, de lévitation, au hasard des rencontres sur notre chemin », évalue Virgile. Quant à Marion, elle se souvient : « un matin où nous campions en Basse-Californie sur une plage de sable noir, nous nous sommes levés très tôt, réveillés par la lumière. On a observé le ballet des pêcheurs avec leurs filets. Pour eux, c’est leur quotidien, mais pour nous qui les observions, c’était super beau ».
C’est le même verdict qu’énonce Bertrand : « Voyager à vélo, c’est goûter au plaisir intense de la simplicité. C’est éliminer le superflu, c’est se détacher des contraintes matérielles, (…) c’est également se détacher des contraintes temporelles. C’est apprendre à prendre le temps. C’est stopper cette course effrénée contre le temps, car à vélo, vous prenez conscience que vous ne gagnerez pas. Vous vivez pleinement l’instant présent (…). Lorsque arrive l’heure du bivouac, le voyage à vélo se sublime. Aucun hôtel ne vous offrira jamais le luxe absolu d’une nuit étoilée, seul au milieu de l’univers. Un luxe qui n’a pas de prix. Et là est le principal avantage du voyage à vélo, ce qui le rend humain : il est accessible à « toutes » les bourses et à « toutes » les conditions physiques… Pour peu que l’on en ait l’esprit ! »
Photo d’Enzo et Corinne, le duo de Cyclocosmos, dans les Andes
Le voyage à vélo n’est, certes, pas tout rose : c’est ce que raconte Enzo Schyns, se souvenant de cette galère infernale au qu’il a vécu au Paso Río Mayer, aux confins de la Patagonie chilienne et argentine, lors d’une traversée de l’Amérique du Sud de Quito à Ushuaia : « on en a bavé ! Nous avons zigzagué entre tourbières marécageuses, buissons tellement épineux que l’on aurait pu y crucifier mille Christs et talus que nous devions passer en développant une force que nous ne nous connaissions même pas ». Mais cette galère, davantage due à de fâcheux imprévus qu’à un itinéraire mal pensé, ne l’a pas empêché de fonder, avec sa compagne de galère (et compagne tout court) Corinne Le Fèbre, l’agence de voyage à vélo Cyclocosmos, qui emmène les cyclovoyageurs sur les routes de l’Amérique du Sud.
Voyager à vélo, c’est surtout échapper aux « lieux communs » du tourisme. Bertrand se souvient par exemple de son voyage en Thaïlande, où « [d]es bus bondés de touristes faisaient la jonction Krabi-Bangkok via une nationale des plus ennuyeuses entre deux champs de palmes, alors qu’à dix kilomètres seulement se trouvait une route magique le long de la côte. Cocotiers, plages de sable blanc, eau turquoise, petits villages de pêcheurs et… zéro touriste, si ce n’est quelques voyageurs à vélo ».
Quelle plus belle métaphore des enchantements du voyage à vélo ? Et si le cyclotourisme, au fond, c’était simplement réapprendre à respirer, écouter son corps… et ses envies authentiquement singulières, au lieu du prêt-à-consommer de l’industrie touristique ?
Joffrey Nanquette et deux amis, en triplette sur les routes de l’Amérique du Sud
Parallèlement et en lien avec Voyageurs du Net, Mikaël et Kalagan ont donné durant quelques mois des ateliers de journalisme en français au sein de l’Alliance française de Xela, deuxième ville du Guatémala. Parmi les articles réalisés par les élèves, celui de Rodrigo Alejandro Domínguez Rivera expose une curieuse tradition de Noël : les posadas. Si d’aventure vous êtes en voyage au Guatémala durant les fêtes de Noël, peut-être aurez-vous l’occasion d’assister comme moi à cette tradition ?
Posadas : en quoi consiste cette tradition ?
Le Guatémala est un pays profondément marqué par le christianisme, apporté par les envahisseurs espagnols et les missions évangélisatrices successives (qui se poursuivent, du reste, et avec une ferveur nouvelle depuis les années 70, avec les diverses sectes évangéliques).
Les posadas (« hospitalités ») constituent une tradition – catholique – insolite. Une posada est une marche de maison en maison, effectuée par un groupe, portant des farolas (fanaux ou lanternes avec une bougie à l’intérieur) de diverses couleurs et chantant des chansons accompagnées d’instruments.
Lorsqu’ils arrivent devant une maison, le groupe à l’extérieur chante, puis frappe à la porte ; la famille à l’intérieur ouvre et le laisse entrer. Une fois dans la maison, ils prient ensemble avant de mange divers plats.
D’une durée de neuf jours, les posadas symbolisent les neuf mois durant lesquels la Vierge Marie et son époux Joseph, les parents du Christ, ont cherché feu et lieu pour la naissance du Divin Enfant. Elle s’étire donc du 15 au 23 décembre, chaque jour symbolisant un mois et voyant une famille différente (et ses invités) accueillir le groupe qui chante et joue de la musique.
Anne est une amie ; elle a beaucoup voyagé, notamment en Amérique du Sud (Chili, Argentine…). Son moyen de transport favori, quand il s’agit de voyage au long cours ? Le voilier. Elle répond ici à quelques questions.
Quel est ton meilleur souvenir de voyage en voilier ?
Une navigation en Terre de Feu et le voilier qui arrive, doucement, dans une caleta coupée du monde, au pied d’un glacier, majestueux, imposant. Puis ces quelques glaçons millénaires que l’on pêche et que l’on glisse dans son whisky : magique !
L’Antarctique aussi, avec une après-midi ensoleillée, à l’ancre, dans une sublime baie bordée de glaciers avec, pour seul bruit, le souffle des baleines qui passent, au loin… Puis cette baleine à bosse qui vient nager à côté du bateau, passe en-dessous, derrière, puis repart comme si de rien n’était… incroyable !
Mais pas besoin d’aller très loin pour de beaux souvenirs : je garde un souvenir mémorable d’une navigation le long de la rivière de l’Odet, dans le Finistère Sud : un cours d’eau qui serpente nonchalamment, bordé d’arbres et de végétation, paisible, loin du bruit et de l’agitation… une véritable bulle.
Quelle est, hormis la plus évidente, qui est d’être un voyage maritime/aquatique, la particularité qui t’attire le plus fortement dans le voyage en voilier ?
La liberté ! En voilier, il y a certes des contraintes – qui peuvent parfois aller jusqu’à vous empêcher de partir (météo, courant,…) mais, en voilier, on peut accéder à des endroits difficiles d’accès ou même inaccessibles ou voyageur lambda. Un exemple ? En Patagonie, j’ai embarqué sur un voilier et ai pu naviguer pendant une semaine autour des îles Wollaston, non loin du Cap Horn. Sauvages, inhospitalières, rudes et sublimes à la fois, ces îles sont inhabitées sauf par une poignée d’hommes de l’Armada chilienne. Aucun bateau ne les rallie, à part le bâtiment de ravitaillement qui doit passer… moins d’une fois par mois. En voilier, j’ai même pu poser le pied sur le Cap Horn et discuter avec le gardien du sémaphore !
Vue de l’île Freycinet prise de l’île Herschel (crédit : Commons Wikimedia)
Est-il impératif d’avoir des notions préalables, un diplôme ?
Un diplôme, pas forcément. Des notions, ça peut aider. Cela dépend en fait du voyage envisagé. S’il s’agit de longer les côtes quelques jours, dans un temps calme, cela devrait aller. Si vous envisagez une transat, vérifiez déjà que vous n’avez pas le mal de mer ! Passer 3 semaines avec l’envie de dormir et de vomir, c’est l’enfer. De plus, certaines personnes ne supportent pas de ne plus voir les côtes et d’être entourés de mer. Avant de vous lancer dans une grande traversée, testez-vous sur de petites navigations, 2-3 jours, pas trop loin des côtes.
Après, cela dépend aussi du capitaine. S’il a l’habitude de naviguer seul, que vous soyez un marin aguerri ou non ne changera pas grand chose pour lui. Par contre, c’est votre attitude qui sera primordiale : supporter la vie à plusieurs dans un espace confiné, être réactif pour les manœuvres (y compris en pleine nuit), prendre part aux quarts de navigation, participer à la vie du bord (cuisine, rangement, nettoyage), partager…
Si c’est pour vous enfermer dans votre cabine toute la journée et manger vos paquets de gâteaux en douce, oubliez tout de suite. A bord d’un bateau, la solidarité est le maître-mot. Ca semble évident et pourtant, les mauvais comportements sont beaucoup plus courants qu’on ne le pense, je vous l’assure ! Il n’y a rien de pire que des équipiers qui ne savent pas vivre en collectivité. Donc testez-vous aussi là-dessus avant d’embarquer.
Le bateau-stop est-il une expérience facile ?
Cela dépend où l’on fait du bateau et à quelle période. Par exemple, pour une transat, il y a des ports propices aux départs des bateaux. Beaucoup de voilier partent des Canaries pour la traversée et vous aurez probablement plus de chances de trouver un voilier par là-bas. Si vous avez une destination dans le viseur, mieux vaut se renseigner avant pour savoir d’où partent les bateaux qui s’y rendent. Et sur la saison aussi : selon la météo (vent, cyclones,…), on n’entame pas telle ou telle traversée. Déjà, avec ces quelques éléments, on augmente ses chances.
Ensuite, il faut savoir s’adapter. Chaque capitaine n’a pas la même manière de fonctionner et il faudra vous y faire. L’adaptation est donc primordiale, même si on n’est pas d’accord avec le chef de bord. Il faut aussi savoir prendre sur soi, trouver des moments d’espace personnels (Très important ! Vous n’êtes pas obligé d’être en permanence avec les autres et avez le droit d’aller vous isoler 2h à l’avant du bateau) et, en cas de conflit, désamorcer tout de suite. A l’autre bout du monde, beaucoup de capitaine vivent sur leur voilier : n’oubliez jamais que vous êtes chez eux, dans leur maison ! Vous vous imaginez, vous inviter de parfaits inconnus, pendant 3 semaines, chez vous et partager votre cuisine, votre salon, vote nourriture,… ?
Est-on facilement accepté ? N’est-ce pas un peu risqué, surtout pour une femme ?
Pour ma part, je n’ai pas eu de mal à me faire accepter. Peut-être parce que j’ai déjà de l’expérience, ce qui rassure. Un capitaine fera plus facilement confiance à quelqu’un qui a déjà navigué, non seulement parce qu’il peut aider à la manœuvre, prendre un quart sans souci, mais surtout parce qu’il peut être à peu certain que la personne va supporter la vie en mer, la promiscuité et ne va pas péter un plomb au milieu de l’océan !
Après, le fait d’être une fille m’a probablement aidé car… on fait moins peur. Ben oui. Est-ce risqué ? C’est comme pour tout : il faut faire appel à son bon sens et son instinct. J’ai déjà embarqué avec un homme qui naviguait seul, trouvé via un site d’annonces pour équipiers. Comme c’était dans une zone assez isolée, je me suis assurée que la navigation ne serait pas trop loin des côtes, qu’il y aurait des escales (au cas où j’aurais besoin de débarquer), si j’allais avoir une cabine, quel était le but de son voyage, le budget… Au final, il m’a dit qu’il y avait un couple qui embarquait en même temps que moi, ce qui a achevé de me convaincre.
J’ai embarqué un mois avec eux, le couple a débarque et pour ma part j’ai fini, 2 mois plus tard… en Antarctique, ce que je n’avais absolument pas prévu ! Mais si j’avais eu le moindre doute, je n’y serais pas allée. Si vous ne le sentez pas, même un tout petit peu, n’y allez pas. Dans tous les cas, femmes ou homme, il faut être vigilant, ne pas hésiter à poser plein de questions en amont et, pourquoi pas, demander aux voiliers à côté s’ils connaissent la personne et s’il elle leur paraît fiable (au port, toutes les personnes qui sont sur des voiliers et effectuent de longs voyages se connaissent), etc. Il vaut mieux un excès de questions, quitte à paraître suspicieux, que pas assez…
Pour prolonger :
Récit par Anne de ses aventures antarctiques sur Voyageurs du Net :