Archives pour la catégorie Invités

Francisco Brennand - Coluna de cristal

Recife, la Venise du Brésil

Nathalie Vives a vécu quelques mois à Recife, connue comme la « Venise du Brésil » (combien de pays n’ont-ils pas « leur » Venise ? San Antonio, Venise du Texas, Bruges ou Amsterdam, Venises du nord, etc.). Elle nous présente sa ville d’adoption.

La « Venise du Brésil », surnommée ainsi car elle fut construite sur des mangroves et sept rivières (Caribaribe, Beberibe, Jiquià, Tejipio, Jordão et Pina), est le berceau du Brésil et en est fière. En face du Marco Zero, on peut d’ailleurs voir le parc des sculptures avec l’obélisque de Francisco Brennand ou Coluna de cristal (« Colonne de cristal ») construite pour les 500 ans du Brésil en 2000, partie intégrante du projet « Eu vi o mundo… Ele Começava no Recife » (« J’ai vu le monde…. il commençait à Recife »).

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Bien qu’un peu ambitieux, on ne peut pas lui nier une histoire bien particulière, riche de cultures métissées. J’ai pu d’ailleurs connaître un peu mieux son passé lors d’une balade en bateau au son du frevo. Profitant de commentaires détaillés, vous verrez entre autres, le premier grand pont construit au Brésil, le pont Mauricio de Nassau, du nom de l’administrateur hollandais de Recife et Pernambouc au XVIIème siècle, ou des statues d’hommes politiques et d’écrivains, généralement tournées vers l’intérieur du pont, afin de saluer les défilés du carnaval.

Mais ce qui reste, à mon avis, le plus impressionnant, c’est le mélange du vieux et du moderne : sur les ponts, les autobus et les ânes se partagent les voies ; les anciens palais du temps colonial côtoient les bâtiments modernes de l’administration brésilienne.

Une ville de culture et d’histoire

Pour ce qu’il est de la culture, il y en a pour tous les goûts. Pour ceux qui aiment l’art baroque, vous pourrez y visiter une flopée d’églises baroques, style importée d’Europe au XVIIème siècle. Construites par les missionnaires, qui entraient en compétition pour avoir la plus riche et la plus belle (oui, oui on parle bien d’églises…), on en trouve tous les 300 mètres dans certains quartiers de Recife et d’Olinda, l’ancienne capitainerie de la région. Malheureusement, beaucoup de ces églises ne sont pas entretenues et tombent en ruine.

Eglise de Notre-Dame de Boa Viagem

Pour ceux qui aiment les méchants garçons, le légendaire bandit Lampião (Virgulino Ferreira da Silva de son vrai nom) vous fera rêver. Avec ses lunettes rondes et son chapeau de cangaceiro (paysans pauvres devenus des bandits de grand chemin, à la fin du XIXe et au début du XXe siècles), il fut très craint et adoré tant à son époque qu’aujourd’hui. Marié à Maria Bonita, Lampião fait partie de l’imaginaire collectif à Recife et en Pernambouc et a influencé les arts et la culture. A voir le film retraçant sa vie avec des images d’époque: O baile perfumado. Le film A auto da compadecida y fait référence aussi.

Enfin pour ceux qui préfèrent la musique, écoutez du frevo, du maracatu ou du mangue beat pour être dans l’ambiance. Le frevo, c’est LA musique (et la danse, cela va sans dire) du carnaval du Nordeste. A l’origine, c’était plutôt une raillerie des pauvres qui, voyant passer les défilés militaires, se mettaient à les imiter en se battant et en dansant avec un parapluie multicolore. Aujourd’hui, la musique rappelle toujours celle des marches militaires mais tout le monde est de la fête. Le maracatu, c’est une musique basée sur des percussions héritées des esclaves noirs. J’ai eu l’occasion d’écouter une nação mon premier soir à Recife… totalement hypnotisant. Enfin, le mangue beat est beaucoup récent. C’est un mélange plus récent de rock, funk, maracatu et d’autres musiques issues du tropicalisme dont le plus connu représentant est Chico Science et son groupe Nação Zumbi. A écouter.

Si donc vous souhaitez vous rendre à Recife et y réserver un hôtel, pensez à aller faire un tour sur AlloVoyages.

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Comment communiquer en voyage ?

Que vous soyez globe-trotter ou voyageur occasionnel, vous vous êtes certainement déjà trouvé dans une situation malaisée en raison d’un manque de compréhension. Ne pas savoir demander votre chemin au Laos, commander un repas dans un restaurant en Russie, etc. Les situations sont nombreuses. Cela fait évidemment partie du voyage et de l’aventure, mais après une journée à vadrouiller à travers Tokyo, on aimerait tous rentrer rapidement à l’hôtel, sans passer une demi-heure à faire comprendre l’adresse au chauffeur de taxi, par exemple. Mais comment s’y prendre ? Quels sont les outils que nous avons à notre disposition ? Une petite revue non exhaustive par la traductrice Pauline Dedecker, de Cultures Connection.

En réalité, la grande aventure commence bien avant le jour du départ, et la phase de préparation est souvent tout aussi exaltante que celle du voyage lui-même. C’est l’occasion ou jamais de vous familiariser avec quelques phrases basiques. Du petit guide pour les débutants aux cours en ligne en passant par les tutoriels vidéo, les moyens d’y parvenir sont nombreux. Vous trouverez sans aucun doute chaussure à votre pied. Si vous avez prévu un tour du monde, il vous sera bien entendu impossible d’apprendre en même temps le malaisien, le serbe, l’espagnol et le swahili par exemple. Revoyez alors vos bases d’anglais et profitez des heures dans l’avion ou dans les transports en commun pour lire les petits dictionnaires proposés dans les guides.

Une fois sur les routes, vous pouvez également opter pour le bon vieux dictionnaire de poche. Mais il est vrai que le format papier ne convient pas forcement à tout le monde. Votre sac à dos est déjà rempli (et lourd !) avec un sac de couchage, une bouteille d’eau, un portable, et même parfois un drone pour les amoureux de la photographie aérienne… bref, le dictionnaire est une ressource très utile et riche en informations, mais pour ceux qui souhaitent voyager léger, cette option n’est pas très pratique.

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Aujourd’hui, les voyageurs ont accès à de nombreuses applications de traduction automatique. Il y a d’abord WordLens, qui permet de traduire en temps réel tous les textes que l’on a autour de soi : panneaux, directions, menus,… un résultat très surprenant et des traductions souvent approximatives mais qui peuvent toujours aider. Il y a aussi les nouvelles oreillettes The Pilot, qui traduisent instantanément en espagnol, en anglais et en italien. D’autres langues comme l’arabe et l’hindi vont bientôt suivre. Cependant, petit hic : au milieu du Sahel, difficile de trouver une connexion internet…

Pensez aussi au langage non-verbal ! Le ton de la voix, l’expression du visage, les gestes, etc. Certains signes sont internationaux : le sourire, le pouce pointé vers le haut ou vers le bas… Attention cependant, il existe des variantes dans chaque pays. Par exemple, en Europe mettre son index sur la tempe est anodin, en Afrique, il s’agit d’une insulte grave, tandis qu’au Japon, cela signifie que l’on trouve notre interlocuteur intelligent. Soyez observateur, et attention aux bourdes…

Enfin, il y a l’IconSpeak. Inventé par trois Suisses, ce tee-shirt aux 40 icones universelles imprimées vous aidera à communiquer dans le monde entier : logement, transport, nourriture, toilette, docteur, … Une manière originale de communiquer.

Tous ces outils sont d’une aide précieuse. Mais n’oubliez pas le côté humain. Même s’il est parfois frustrant de ne pas se faire comprendre, essayer de communiquer avec les locaux simplement avec des gestes et en baragouinant quelques mots permet de tisser des liens, de rigoler et d’échanger des sourires. Après tout, rien de tel que de s’immerger dans la culture locale pour en apprendre plus sur leur façon de communiquer.

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Le voyage en voilier ? « La liberté ! », selon Anne

Je reçois aujourd’hui mon amie Anne, qui a pas mal voyagé, notamment en voilier. Je lui ai donc posé quelques questions sur cette forme de voyage insolite. Femme libre, toujours tu chériras la mer !

Quel est ton meilleur souvenir de voyage en voilier ?
Une navigation en Terre de Feu et le voilier qui arrive, doucement, dans une caleta coupée du monde, au pied d’un glacier, majestueux, imposant. Puis ces quelques glaçons millénaires que l’on pêche et que l’on glisse dans son whisky : magique !
L’Antarctique aussi, avec une après-midi ensoleillée, à l’ancre, dans une sublime baie bordée de glaciers avec, pour seul bruit, le souffle des baleines qui passent, au loin… Puis cette baleine à bosse qui vient nager à côté du bateau, passe en-dessous, derrière, puis repart comme si de rien n’était… incroyable !

Mais pas besoin d’aller très loin pour de beaux souvenirs : je garde un souvenir mémorable d’une navigation le long de la rivière de l’Odet, dans le Finistère Sud : un cours d’eau qui serpente nonchalamment, bordé d’arbres et de végétation, paisible, loin du bruit et de l’agitation… une véritable bulle.

Quelle est, hormis la plus évidente, qui est d’être un voyage maritime/aquatique, la particularité qui t’attire le plus fortement dans le voyage en voilier ?
La liberté ! En voilier, il y a certes des contraintes – qui peuvent parfois aller jusqu’à vous empêcher de partir (météo, courant,…) mais, en voilier, on peut accéder à des endroits difficiles d’accès ou même inaccessibles ou voyageur lambda. Un exemple ? En Patagonie, j’ai embarqué sur un voilier et ai pu naviguer pendant une semaine autour des îles Wollaston, non loin du Cap Horn. Sauvages, inhospitalières, rudes et sublimes à la fois, ces îles sont inhabitées sauf par une poignée d’hommes de l’Armada chilienne. Aucun bateau ne les rallie, à part le bâtiment de ravitaillement qui doit passer… moins d’une fois par mois. En voilier, j’ai même pu poser le pied sur le Cap Horn et discuter avec le gardien du sémaphore !

Est-il impératif d’avoir des notions préalables, un diplôme ?
Un diplôme, pas forcément. Des notions, ça peut aider. Cela dépend en fait du voyage envisagé. S’il s’agit de longer les côtes quelques jours, dans un temps calme, cela devrait aller. Si vous envisagez une transat, vérifiez déjà que vous n’avez pas le mal de mer ! Passer 3 semaines avec l’envie de dormir et de vomir, c’est l’enfer. De plus, certaines personnes ne supportent pas de ne plus voir les côtes et d’être entourés de mer. Avant de vous lancer dans une grande traversée, testez-vous sur de petites navigations, 2-3 jours, pas trop loin des côtes.

Après, cela dépend aussi du capitaine. S’il a l’habitude de naviguer seul, que vous soyez un marin aguerri ou non ne changera pas grand chose pour lui. Par contre, c’est votre attitude qui sera primordiale : supporter la vie à plusieurs dans un espace confiné, être réactif pour les manœuvres (y compris en pleine nuit), prendre part aux quarts de navigation, participer à la vie du bord (cuisine, rangement, nettoyage), partager… Si c’est pour vous enfermer dans votre cabine toute la journée et manger vos paquets de gâteaux en douce, oubliez tout de suite. A bord d’un bateau, la solidarité est le maître-mot. Ça semble évident et pourtant, les mauvais comportements sont beaucoup plus courants qu’on ne le pense, je vous l’assure ! Il n’y a rien de pire que des équipiers qui ne savent pas vivre en collectivité. Donc testez-vous aussi là-dessus avant d’embarquer.

Le bateau-stop est-il une expérience facile ?
Cela dépend où l’on fait du bateau et à quelle période. Par exemple, pour une transat, il y a des ports propices aux départs des bateaux. Beaucoup de voilier partent des Canaries pour la traversée et vous aurez probablement plus de chances de trouver un voilier par là-bas. Si vous avez une destination dans le viseur, mieux vaut se renseigner avant pour savoir d’où partent les bateaux qui s’y rendent. Et sur la saison aussi : selon la météo (vent, cyclones,…), on n’entame pas telle ou telle traversée. Déjà, avec ces quelques éléments, on augmente ses chances. Ensuite, il faut savoir s’adapter. Chaque capitaine n’a pas la même manière de fonctionner et il faudra vous y faire. L’adaptation est donc primordiale, même si on n’est pas d’accord avec le chef de bord. Il faut aussi savoir prendre sur soi, trouver des moments d’espace personnels (Très important ! Vous n’êtes pas obligé d’être en permanence avec les autres et avez le droit d’aller vous isoler 2h à l’avant du bateau) et, en cas de conflit, désamorcer tout de suite. A l’autre bout du monde, beaucoup de capitaine vivent sur leur voilier : n’oubliez jamais que vous êtes chez eux, dans leur maison ! Vous vous imaginez, vous inviter de parfaits inconnus, pendant 3 semaines, chez vous et partager votre cuisine, votre salon, vote nourriture,… ?

Est-on facilement accepté ? N’est-ce pas un peu risqué, surtout pour une femme ?
Pour ma part, je n’ai pas eu de mal à me faire accepter. Peut-être parce que j’ai déjà de l’expérience, ce qui rassure. Un capitaine fera plus facilement confiance à quelqu’un qui a déjà navigué, non seulement parce qu’il peut aider à la manœuvre, prendre un quart sans souci, mais surtout parce qu’il peut être à peu certain que la personne va supporter la vie en mer, la promiscuité et ne va pas péter un plomb au milieu de l’océan ! Après, le fait d’être une fille m’a probablement aidé car… on fait moins peur. Ben oui. Est-ce risqué ? C’est comme pour tout : il faut faire appel à son bon sens et son instinct. J’ai déjà embarqué avec un homme qui naviguait seul, trouvé via un site d’annonces pour équipiers. Comme c’était dans une zone assez isolée, je me suis assurée que la navigation ne serait pas trop loin des côtes, qu’il y aurait des escales (au cas où j’aurais besoin de débarquer), si j’allais avoir une cabine, quel était le but de son voyage, le budget,… Au final, il m’a dit qu’il y avait un couple qui embarquait en même temps que moi, ce qui a achevé de me convaincre. J’ai embarqué un mois avec eux, le couple a débarque et pour ma part j’ai fini, 2 mois plus tard… en Antarctique, ce que je n’avais absolument pas prévu ! Mais si j’avais eu le moindre doute, je n’y serais pas allée. Si vous ne le sentez pas, même un tout petit peu, n’y allez pas. Dans tous les cas, femmes ou homme, il faut être vigilant, ne pas hésiter à poser plein de questions en amont et, pourquoi pas, demander aux voiliers à côté s’ils connaissent la personne et s’il elle leur paraît fiable (au port, toutes les personnes qui sont sur des voiliers et effectuent de longs voyages se connaissent), etc. Il vaut mieux un excès de questions, quitte à paraître suspicieux, que pas assez…

Lire aussi, pour prolonger : « Le voyage en Antarctique (1/2) : 10 conseils » et « Le voyage en Antarctique (2/2) : questions pratiques ».

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3 expériences gastronomiques surprenantes en voyage

C’est en voyageant que l’on ouvre ses papilles au monde et que l’on découvre des saveurs et textures qu’on ne trouvera jamais dans nos pays d’origine. Parce que les restaurants internationaux, même dans les plus grandes capitales, ne retranscrivent pas toujours au mieux les cuisines du monde, c’est sur place, avec les ingrédients et ustensiles locaux, que l’on a le plus de chance de manger des plats uniques. Parole à mon copain Kalagan

Dans le « downtown » de Nairobi, au Kenya

J’ai mangé ce jour là dans une cantine à Nairobi tout à fait ordinaire, où il était marqué en façade fresh fish. Habitué à ce genre d’endroit, où les Kényans choisissent parmi des dizaines de spécialités locales ce qu’ils vont manger le midi, ce fut la première fois que je mangeais du matumbo, pavé vert de purée de pommes de terres, d’avocat et de mais. Accompagné de sukumawiki, ces délicieux épinards que l’on retrouve dans beaucoup d’accompagnement (tout de même moins bons que le kunde, épinard noir et amer que je n’ai pu trouver qu’à Nakuru), de choux et d’une petite salade classique tomates-oignons-haricots, ce tilapia frit fut un vrai régal. A déguster sans couvert, avec les doigts !

Matumbo et tilapia frit, au Kenya
Matumbo et tilapia frit, au Kenya

Jarret de porc munichois à la moutarde sucrée

Il y a à peine quelques mois de cela, je partis pour un voyage en famille en Croatie. Sur le retour, nous profitâmes de notre passage aux abords de l’incontestable capitale allemande de la bière pour y faire une halte de 3 jours. C’est par hasard que je me retrouvai au Donisl, restaurant populaire du centre ville de Munich, où je commandai un délicieux jarret de porc accompagné de quenelles de pommes de terre et de moutarde au curry. Avec la bière, je payai une dizaine d’euro. C’est ce jour là que j’ai réellement compris que j’avais boudé l’Allemagne pendant de trop longues années et qu’il fallait que je rattrape le temps perdu.

Jarret de porc munichois, quennelles de pommes de terre et moutarde sucrée
Jarret de porc munichois, quenelles de pommes de terre et moutarde sucrée

Beignet de crevettes à la coco à Bacalar, au Mexique

Début septembre, nous avons atterri, avec Mikaël et Itzal, sur l’abjecte Cancún, que nous avons rapidement fuie pour Bacalar, petit coin de paradis au sud-est de la péninsule du Yucatán. Et c’est encore une fois par hasard que nous sommes tombés sur un petit restaurant qui ne payait pas de mine, dans le centre du village. Nous n’y étions que 3, mais les sourires de la serveuse et de la cuisinière nous ont rapidement mis en confiance. Et nous avions eu raison de commander ces deux assiettes aux saveurs exotiques, d’exquis beignets de crevettes, enrobés de coco. Accompagnés de quelques pommes de terre et bananes frites, d’un peu de riz, de crudités et d’une délicieuse sauce cocktail, nous partagions nos plats en nous régalant. Il nous fallut une amitié bien solide pour éviter que le dernier beignet ne fasse de ce repas une bagarre de gourmands !

Beignets de crevettes à la coco, au Mexique
Beignets de crevettes à la coco, au Mexique

J’aurais encore pu vous parler de l’IMMONDE vin de banane burundais, de délicieux foies de poulet au whisky d’Afrique de l’Est, de ce porc-épic camerounais fraîchement renversé par une voiture ou  de ce gigantissime full breakfeast, au lever du jour, lors de mon voyage impulsif à Londres. Mais les photos manquent et pour participer à cet évènement inter-blogueurs, il ne faut lister que 3 expériences gastronomiques.

Mais peut-être que vous en avez d’autres à nous faire partager ?

Nepal - Zoom sur le bouddhisme (6)

A la découverte du Népal

Entre ses majestueux pics enneigés et sa jungle luxuriante, le royaume des Sherpas est l’endroit rêvé pour une halte reposante après deux mois passés à bourlinguer sur les routes indiennes. Extrait, généreusement donné par l’une des auteures (Perrine), de leur guide « Autrement l’Asie ».

Roulées dans la farine par quelques locaux au moment de passer la frontière indo-népalaise depuis Siliguri au Bengale-Occidental, nous regardons avec désespoir le dernier bus s’éloigner et nous résignons à passer la nuit dans la ville étape de Kakarvitta. Bien décidées à ne pas nous éterniser dans ce lugubre ghetto urbain, nous nous levons aux aurores pour prendre le premier bus en partance pour la capitale. Hélas nous ne sommes pas au bout de nos peines et nous nous retrouvons nez-à-nez avec la porte solidement cadenassée de l’hôtel. Après quelques minutes de réflexion sur la stratégie à adopter (passer par le balcon du premier étage ? sortir la cisaille que nous n’avons pas emportée ?), c’est sur nos cordes vocales que nous misons pour appeler à l’aide. Nous réussissons finalement à quitter les lieux et enchaînons, cette fois au sens propre, par une vingtaine d’heures de bus en direction de Katmandou, la capitale. Nous profitons du trajet pour admirer les paysages montagneux, plaines fertiles et nombreux cours d’eau de la région du Teraï.

Le Népal a ouvert ses frontières aux étrangers depuis tout juste un demi-siècle et attire déjà des foules de voyageurs. Il est d’ailleurs coutume de dire que « la première fois que l’on va au Népal c’est pour ses montagnes, mais l’on y retourne ensuite pour la gentillesse et la bienveillance de ses habitants ». Notre séjour dans ce petit pays est ainsi ponctué de souriants « namaste » et de sincères échanges avec la population locale. C’est toutefois une autre histoire dans les rues commerçantes du quartier de Thamel, à Katmandou, où rabatteurs et vendeurs ambulants ne cessent d’alpaguer le chaland, parfois jusqu’à l’agacement. Après une énième tentative d’arnaque sur le prix du fromage de yak, Perrine, dont la patience a des limites, en vient à suggérer gentiment à notre interlocuteur de jouer la carte de l’honnêteté, sans quoi il finira par entacher son karma… Négociation réussie !

Nepal - Zoom sur le bouddhisme (5)

A quelques ruelles de là, nous pénétrons dans un véritable musée à ciel ouvert. Les temples de la célèbre place de Durbar Square se découpent au-dessus des toits de la capitale, donnant au quartier une atmosphère mystique des plus envoûtantes. Dans un délicieux mélange d’Histoire et de spiritualité, nous découvrons progressivement les pagodes, pavillons et sanctuaires sacrés qui font de Katmandou, une ville à l’allure médiévale atypique. Nous apprenons également avec étonnement que cet ensemble de temples n’est autre que la résidence de la Kumari Devi, une jeune déesse vivante vénérée par la population.

Rassasiées par de succulents momos, sortes de petits raviolis fourrés à la viande ou aux légumes, nous franchissons les portes de la ville pour découvrir le stupa de Swayambhunath. Cet imposant monument surélevé d’un dôme blanchi à la chaux a été conçu pour abriter les reliques de Bouddha. Bercés par le va-et-vient des drapeaux à prières et par de puissants effluves d’encens, les Népalais viennent ici pour se recueillir et murmurent des mantras (textes sacrés) au rythme des nombreux moulins à prières qui tournent autour du stupa.

Entre deux promenades, nous sommes invitées à la kermesse d’une école locale, partageant avec bonheur cet instant de fête avec les enfants, et essayons tant bien que mal d’avancer sur nos travaux respectifs de mémoires de fin d’études. Si les conditions sont loin d’être optimales, la motivation est néanmoins au rendez-vous ! En effet, la ville disposant en moyenne de quatre heures d’électricité par jour, nous sommes sans cesse interrompues par d’interminables coupures de courant. Or, qui dit coupures de courant dit aussi douche froide et pas de chauffage ! C’est donc bien emmitouflées dans nos sacs de couchage, armées de gants et bonnet que nous faisons péniblement glisser nos doigts sur le clavier de l’ordinateur.

Nepal - Zoom sur le bouddhisme (1)

Nous apprenons par la suite que la pénurie électrique est un problème de taille au Népal. De par ses innombrables cascades et cours d’eau, le pays est pourtant doté d’un potentiel hydroélectrique considérable. Hélas, affaibli par une décennie de guerre civile et de rébellion maoïste, ce petit territoire peine à se reconstruire. Longtemps mise à genoux par les puissances voisines, l’économie népalaise dépend aujourd’hui encore en grande partie de l’aide internationale et de l’énergie déployée par les ONG.

Après avoir découvert de fascinantes initiatives sociales et arpenté longuement les rues cabossées de la capitale, nous bouclons nos sacs à dos, enfilons nos chaussures de randonnée et mettons le cap sur les sentiers de la vallée de Katmandou. Les nombreuses rencontres que nous avons faites dans la capitale nous permettent d’élaborer un petit programme sur mesure, dans une région réputée pour ses mosaïques de champs en terrasses. Si la plupart des randonneurs se rendent dans la célèbre chaîne himalayenne, véritable toit du monde, nous préférons pour notre part limiter les transports et admirer de loin les sommets enneigés où la température très basse en cette saison nécessite un équipement professionnel. Accompagnées d’un formidable guide local, Panta, nous progressons ainsi de village en village, dormant tantôt chez l’habitant, tantôt dans un monastère bouddhiste au sommet de la montagne comme à Namobuddha. Cette dernière expérience nous laisse toutefois un petit goût amer… S’il apparaît que des milliers d’étrangers viennent chaque année se ressourcer en étudiant le bouddhisme dans les monastères, nous sommes déçues de constater que pour une nuit, seul notre portefeuille semble intéresser nos hôtes. Nous repartons donc un peu frustrées de ne pas avoir pu échanger quelques mots avec un moine local. La randonnée se poursuit ensuite en direction de Baltali, charmant village newar, où nous sommes accueillies par une famille au grand cœur. Loin des routes touristiques, nous découvrons ici des sourires francs et des poignées de mains chaleureuses, dénuées de tout intérêt matériel. Il est en effet chose courante de se faire alpaguer par un nombre incalculable d’enfants réclamant stylos, chocolats, montres et appareils photos sur les chemins de randonnée. Ces interpellations traduisent bel et bien le comportement de certains voyageurs, qui malheureusement, en pensant bien faire, habituent les jeunes générations à réclamer et leur donnent une image biaisée du touriste occidental.

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Guidées par les drapeaux à prières et la douce odeur des orangers qui bordent les sentiers, notre séjour aux pays des Sherpas touche à sa fin… A notre tour, nous sommes désormais convaincues que nous reviendrons à coup sûr, tant pour explorer les pics montagneux du nord du pays que pour retrouver les belles amitiés que nous avons tissées en cours de route.

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Colombie, le seul risque est de ne plus vouloir en repartir

Dans la série des destinations bourrées de clichés, il y a Paris et sa tour Eiffel, New York et Manhattan, Cancun et ses plages de rêves aseptisé(e)s… Et puis il y a la Colombie. Tout de suite, vient la peur, puis la curiosité. Mise en jambes avec ce petit condensé d’une conversation typique des réflexes primaires quant à l’annonce de mon prochain voyage auprès de mes chers collègues (ou autres humains non avertis). Mickaël, qui y a voyagé voilà quelques années, livre ici son impression personnelle.

(Toute ressemblance avec une discussion de pause café ne serait  pas que purement fortuite.)

« – Quoi ?!? La Colombie ?!? Mais c’est dangereux !!
– Ah bon, tu y es déjà allé ?
– Euh… non (accompagné d’un petit rictus signifiant « no way »… pathétique).
– Donc tu dois être bien renseigné ? Tu as des amis qui y sont allés ?
– Non plus…
– Bon, ben je pense qu’on en rediscutera alors ! »

Voilà une conversation super banale, me direz-vous, et pourtant plutôt révélatrice de la peur qu’inflige encore la simple mention du mot « Colombie » en public, et le refus de considération en tant que destination touristique à part entière. Monsieur Dupont n’est pas prêt à risquer sa peau et ses pantoufles pour rejoindre le pays de l’Eldorado ? Hé bien, c’est tant mieux ! Il est des pépites qu’on garde jalousement, et ce pays en fait partie.

Une pulsion sous influence musicale

Comme pour d’autres voyages, le premier déclic fut pour moi une découverte musicale. Par le biais d’un CD retrouvé chez un pote, mes oreilles vibrèrent un soir au son de la cumbia, et là, l’intérêt s’éveilla. Bon, j’avoue que j’ai mis quelques années à me décider, à creuser les styles et les variantes et rien n’y fait : je ne décroche pas. Que du son qui fait bootyshaker dans les casas : la salsa, le vallenato, la gaita, l’électro-cumbia ou la nouvelle scène hip-hop caribéenne… enfin tout ça !

Ayant déjà fait d’autres voyages en Amérique latine les années précédentes (Mexique, Costa Rica, Argentine), j’avais également eu l’occasion de croiser d’autres routards… et je bavais littéralement devant leur enthousiasme à me conter les richesses dont recèle ce pays passionné, et passionnant.

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Armes, narcotrafic et corruption… tout ça existe réellement et je ne le minimise absolument pas. C’est juste que la situation a changé, et que les habitants sont prêts à s’ouvrir, pour peu que vous mettiez de côté l’image véhiculée par les scènes des blockbusters américains. Oui, on peut prendre un vol direct Paris-Bogota avec son sac à dos préféré et vivre une fantastique aventure, improviser et s’ouvrir.

Pour le reste, les règles de sécurités sont les mêmes que dans les pays environnants. Tout comme les consignes ultra-alarmistes du ministère des affaires étrangères… Rassurant, non ?

Voilà donc pour les premières appréhensions. Je vous laisse avec une campagne touristique pleine d’humour, et une petite note de poésie, le tout composés par les professionnels du tourisme colombien…

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Contraction des vols : nouveau jeu à la mode des compagnies aériennes

La technologie actuelle permet aux compagnies aériennes de mieux contrôler leurs paramètres de vols, bénéficiant par son efficacité les voyageurs. La sécurité s’en trouve renforcée et les prix en général, par la concurrence entre compagnies ont une tendance vers la baisse. De plus en plus de voyageurs peuvent ainsi se déplacer et se rendre vers des destinations lointaines et exotiques. Nous savons aussi que cet accroissement de passagers et de touristes apporte de graves complications pour de nombreux sites qui se trouvent alors surchargés.

Un autre problème semble se développer au sein des compagnies aériennes : la contraction des vols, que de nombreux passagers constatent à la dernière minute.

Dans des bureaux de surveillance des vols (réservations, capacités de vols, prévisions) dont dispose chaque compagnie aérienne, il est possible, grâce à de puissants logiciels de prévoir le nombre de passagers sur chaque vol. Lorsque je travaillais avec Air France dans le cadre de la classe franco-américaine pour faire voyager nos milliers d’enfants français de 10 ans de la France vers les Etats-Unis et vice versa les enfants américains de l’Amérique vers la France,  je me rendais dans les bureaux d’Air France au John Hancock à Chicago, ville où se trouvait notre siège social. Là, Dennis m’attendait pour parler réservations. Le départ et retour des classes n’étaient pas des jours obligatoirement fixes car les enfants pouvaient partir n’importe quel jour en dehors des dates de vacances. C’était un programme scolaire qui avait toujours lieu pendant l’année scolaire.

Dennis, déjà en 1975, pouvait voir sur son écran les réservations et les prévisions de vols pour toutes les saisons. Comme nos enfants voyageaient en dehors des weekends et des dates ultra chargées, il était facile de caser une classe ( 30 passagers) ou deux ( 60 passagers) sur des vols qui s’avéraient quasiment vides. Sur un Boeing 747 Chicago-Paris où l’on avait deux mois avant le départ, trente passagers réservés fermes, pas de problème d’y mettre jusqu’à 3 classes, environ 90 passagers. Le prix de la place était évidemment des plus bas, frisant dans les années 80, 120 dollars aller et retour. Nous étions, Air France et notre association, gagnants.

Ce système devint systématique chez toutes les compagnies pour vendre des blocs de sièges à des organismes comme Expedia, Kayak ou E Bookers. Grand nombre et prix bas.

Mais un autre processus apparaît au détriment des passagers : la contraction des vols. L’exemple est apparu dans toute sa splendeur avec dernièrement des vols sur Royal Air Maroc. Si la compagnie a deux vols dans la journée et qu’il apparaît que le nombre de sièges réservés est en dessous d’une tolérance et d’une rentabilité, le vol est alors annulé et combiné en un seul vol de la journée. L’un d’eux est alors tout simplement annulé. La raison donnée est une panne technique qui cloue l’avion au sol. De plus comme la communication est rapide et immédiate un SMS est envoyé aux passagers pour les informer de l’annulation d’un vol et qu’ils ont été mis sur un autre vol. Le tour est joué : économie d’un vol, diminution de la dépense en carburant, en personnel et en frais de stationnement. La compagnie y gagne gros sans pour autant compenser les passagers qui souvent ne connaissent pas les règlements d’annulation.

Une autre façon d’opérer est aussi  efficace et cette méthode a été appliquée à nouveau par Royal Air Maroc.

Cette compagnie a tous les jours deux vols de Marrakech, l’un vers Bordeaux et l’autre vers Marseille.  Ce jour-là, les deux vols étaient loin d’être complets. Royal Air Maroc décida alors de regrouper les passagers sur un seul départ. Le vol devint Marrakech- Marseille avec escale à Bordeaux. Le vol devint deux fois plus long. Au lieu du vol direct Marrakech-Marseille direct, en général plus cher, il se transforma en Marrakech-Marseille avec escale à Bordeaux. Mêmes économies : un vol en moins avec   gain sur le carburant et le personnel.

Quelques jours plus tôt c’était le vol Marrakech-Marseille détourné sur Toulouse. Les passagers du direct Bordeaux Marrakech durent faire le détour par Marseille.

Si cet exemple est flagrant, dans de nombreux pays, il devient de plus en plus fréquent. Comme la plupart des passagers ignorent les règlements qui s’appliquent aux incidents créés par les compagnies aériennes, c’est tout bénéfice pour la compagnie.

Lorsque je soulevai le problème avec Royal Air Maroc comme je le fais toutes les fois avec n’importe quelle compagnie, la réponse est la même comme l’indique  celle de Royal Air Maroc :

Nous avons bien reçu votre courrier et nous sommes désolés pour les désagréments éventuellement subis. Nous vous assurons de notre engagement à mener les investigations nécessaires et à apporter une réponse appropriée à votre requête, dans un délai moyen de 40 jours ouvrables.

Pour nous aider à traiter plus rapidement vos requêtes, nous vous prions de reprendre dans vos prochains courriels la référence indiquée en objet et nous les transmettre à l’adresse: serviceclientele@royalairmaroc.com, ainsi que tout document qui peut être considéré comme justificatif de voyage. Nous pouvons avoir aussi besoin de votre Relevé d’identité Bancaire pour les cas qui ouvrent le droit à un remboursement en numéraire.

Des originaux de documents sont nécessaires dans certains cas tels que :

–                  Une procuration avec signature légalisée en cas de délégation à une personne tierce autre que le client passager
–                  Les factures de frais encourus…

Ces documents doivent être adressés  par courrier postal en reprenant la référence indiquée en objet à :

Royal Air Maroc
Service Réclamations Clients
Aéroport casa-Anfa
Casablanca – Maroc

La compagnie offre ainsi la possibilité de recevoir «  un remboursement en numéraire ». Le client est satisfait de sa démarche et ne poursuit pas plus avant sa curiosité. Mais uniquement le passager qui s’est plaint recevra une telle réponse.

Aux Etats-Unis, la réglementation est appliquée avec beaucoup plus de rigueur mais encore en faut-il en faire la demande. Une compensation de 150 dollars à plus de 300 dollars peut être reçue par les passagers.

Cet article est un avertissement pour tous les passagers : vous avez des droits vis à vis de toute compagnie aérienne. Et tout incident, retard prolongé, changement d’itinéraire, annulation de vols donne droit à des compensations bien établies. Malheureusement l’Europe est très laxiste concernant ces droits. Quant aux pays en voie de développement même si la compagnie a signé un accord avec l’IATA, les droits des passagers sont bafoués.
Enfin pour terminer, l’incident qui suit n’est plus possible heureusement. J’en ai été le témoin direct. Dans mes accords avec Air France, je voyageais en première classe sur les vols Air France. Je m’apprêtais à rentrer à Paris de Miami. Les passagers première étaient installés quand une hôtesse vint prévenir deux passagers première avec billet à tarif plein qu’ils étaient transférer en classe économie. Ils seraient évidemment remboursés de la différence. Le vol première était complet. Les deux passagers étonnés acceptèrent de passer à l’arrière du Boeing 747.
C’est sur l’ordre du commandant de bord que l’opération se fit. Il avait besoin de ces deux sièges pour des GP ( billets réduits ou gratuits). Ces GP étaient sa femme et sa fille !
Je ne connais pas la suite de cette affaire, l’ayant pourtant signalé aux services Air France. Les passagers ont dû être dédommagés, je l’espère.

[NB : Cette étude est parue dans le livre «  Tourisme de destruction massive » ( L’Harmattan) paru en 2011.]

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Songkran, une tradition bien arrosée

Songkran, le nouvel an Bouddhiste, ne se limite pas à lancer de l’eau dans la rue sur les passants, il y a une vraie signification derrière cette tradition. Un article de Laëtitia Bisiaux, d’Active Conservation Travel

Songkran est d’abord et avant tout pour les Thaïlandais un moment de retrouvailles et de partage en famille. Trois jours fériés pour y accomplire des rites. Les membres de la famille versent de l’eau parfumée au jasmin sur les mains de leurs ainés. Ils reçoivent en échange leur bénédiction. Les familles vont au temple, font des offrandes, et versent de l’eau sur des statues de Bouddha. Les gens s’arrosent ensuite dans la rue. C’est une manière de se purifier et de commencer l’année lavé ses péchés.

Nombreux sont les touristes qui viennent à l’occasion de cette fête. La tradition est alors quelque peu sacrifiée. Une horde de touristes surexcités déboule dans les rues de Chiang Mai. Chacun est armé du dernier pistolet à eau en plastique couleur fluo et porte le T-shirt de la « full moon party ». Hurlements, musique électro à plein régime, bière qui coule à flot… bien loin la tradition et des moments de partages dans les familles. A noter que certains se passeraient de seaux d’eau glacés ou de l’eau verte du canal (pas vraiment pure), notamment les conducteurs de motos et de vélos. Attention aux accidents !

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Le voyage à vélo, « plaisir intense de la simplicité »

Métro, boulot, dodo : pour nombre de nos semblables, la vie quotidienne est réglée comme du papier à musique, soumise aux règles dominantes – acceptées ou intériorisées – du salariat et du crédit et au rythme des sonneries (réveil, téléphone, timbre de la pause au lycée comme à l’usine, micro-ondes, métro, etc.). Et il n’est pas étonnant qu’une majorité consomme les vacances comme elle vit : à un rythme anti-biologique, montre en main. D’autres, pourtant, préfèrent à cette frénésie « le luxe de la lenteur » et choisissent de voyager à vélo, pendant quelques jours, quelques semaines, voire quelques mois. Un article de Mikaël, responsable éditorial de Voyageurs du Net.

L’alternance du travail et des congés payés a été et demeure encore pour beaucoup le rythme ordinaire d’une année. La précarisation de l’emploi, pourtant, est en train de changer peu à peu le rapport des jeunes et des moins jeunes au travail, à l’épargne pour une retraite qui ne cesse de se faire plus hypothétique, le CDI cessant d’être la norme. L’obscénité du capitalisme financier et une certaine forme d’écœurement à l’endroit du consumérisme et de la publicité ont, chez beaucoup, conduit à une distanciation des mythes du capitalisme avancé… et à la conclusion qu’après tout, trimer 40 ans de sa vie dans un même travail pour une retraite qu’ils ne toucheront probablement pas, ne vaut sans doute pas la peine et qu’il y a mieux à faire de sa vie que repousser les rêves aux calendes. C’est ainsi que certains choisissent de partir à vélo pour quelques jours, quelques semaines et parfois bien plus.

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Marion Martineau, compagne de Virgile Charlot avec qui elle forme le duo « Pignons-voyageurs », ici en photo sur les routes d’Oaxaca (Mexique) en 2014

La rupture n’est sans doute pas totale, mais souvent pondérée : alternent les périodes de travail et les périodes de voyage. Mais pas un voyage consommé à la va-vite : l’objectif est de ressentir la durée, de redécouvrir le « luxe de la lenteur », de retrouver l’émerveillement naïf face aux choses simples, tandis que les « experts » médiatiques ne cessent de vanter la « complexité »… et que l’épithète « simple » qualifie volontiers un idiot.

Pour Bertrand Scaramal, cyclo-voyageur patenté et animateur du blog « Le Braquet de la Liberté », voyager à vélo implique forcément de laisser place à l’imprévu, à l’improvisation, car « la surprise et l’émerveillement peuvent venir de partout en voyage et surtout hors zone touristique. Je n’ai pas gardé un seul souvenir marquant de tout ce que j’ai pu visiter de touristique, parce que déjà vu mille fois en photo, parce que le lieu est dénaturé par la masse de touristes et parce que trop souvent superficiel. Ce que j’aime c’est ces sourires chaleureux perdus dans les montagnes du Sichuan, c’est ses gosses sur-énergiques qui viennent me taper dans la main avec de grands « hello » au Laos, c’est cette vue magique qui vient récompenser mes efforts au sommet d’un col, c’est contempler les étoiles par la moustiquaire de ma tente après une belle journée de vélo… tous ses détails à quoi on ne prête plus forcément attention au quotidien, qui font le charme du voyage et dont les zones touristiques nous privent » (source : « Pourquoi voyager à vélo ? »).

« Le meilleur moyen de transport »

Joffrey Nanquette, lui aussi est amateur du cyclotourisme. Pour lui, qui a voyagé en France, en Espagne, a parcouru l’Amérique du Sud sur un vélo-triplette, ainsi que le Mexique et l’Amérique centrale (Guatémala, Salvador) « le vélo est le meilleur moyen de transport parce que tu as le temps de profiter du paysage, de t’arrêter quand tu veux ; [il] permet de s’approprier le lieu ».

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Joffrey Nanquette et deux potes cyclo-voyageurs lors d’un voyage en Espagne

Marion Martineau et Virgile Charlot sont eux aussi adeptes du vélo. À l’été 2013, ils se rendent en Alaska, d’où ils partent pour rallier… Ushuaia, soit un voyage nord-sud à travers les Amériques, qu’ils racontent sur leur blog Pignons Voyageurs. Rencontrés alors qu’ils étaient de passage, au tiers de ce très long voyage, au Guatémala, ils confirment ce rapport au temps forcément alenti, cet aspect « minimaliste » qu’induit le voyage à vélo, cet émerveillement face aux petites choses du quotidien, soudain exaucé à une poésie d’éclats, de choses simples et fulgurantes comme un haïku. « Il y a aussi des rencontres qui nous marquent. Stan, par exemple, un mec qui voyageait à cheval dans les montagnes, qui a commencé à nous lire des textes qu’il écrivait… Dans la montagne ! On ne s’y attendait pas. Des pêcheurs à la mouche, aussi. Parfois, on a des instants de grâce, de lévitation, au hasard des rencontres sur notre chemin », évalue Virgile. Quant à Marion, elle se souvient : « un matin où nous campions en Basse-Californie sur une plage de sable noir, nous nous sommes levés très tôt, réveillés par la lumière. On a observé le ballet des pêcheurs avec leurs filets. Pour eux, c’est leur quotidien, mais pour nous qui les observions, c’était super beau ».

C’est le même verdict qu’énonce Bertrand : « Voyager à vélo, c’est goûter au plaisir intense de la simplicité. C’est éliminer le superflu, c’est se détacher des contraintes matérielles, (…) c’est également se détacher des contraintes temporelles. C’est apprendre à prendre le temps. C’est stopper cette course effrénée contre le temps, car à vélo, vous prenez conscience que vous ne gagnerez pas. Vous vivez pleinement l’instant présent (…). Lorsque arrive l’heure du bivouac, le voyage à vélo se sublime. Aucun hôtel ne vous offrira jamais le luxe absolu d’une nuit étoilée, seul au milieu de l’univers. Un luxe qui n’a pas de prix. Et là est le principal avantage du voyage à vélo, ce qui le rend humain : il est accessible à « toutes » les bourses et à « toutes » les conditions physiques… Pour peu que l’on en ait l’esprit ! »

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Photo d’Enzo et Corinne, le duo de Cyclocosmos, dans les Andes

Le voyage à vélo n’est, certes, pas tout rose : c’est ce que raconte Enzo Schyns, se souvenant de cette galère infernale au qu’il a vécu au Paso Río Mayer, aux confins de la Patagonie chilienne et argentine, lors d’une traversée de l’Amérique du Sud de Quito à Ushuaia : « on en a bavé ! Nous avons zigzagué entre tourbières marécageuses, buissons tellement épineux que l’on aurait pu y crucifier mille Christs et talus que nous devions passer en développant une force que nous ne nous connaissions même pas ». Mais cette galère, davantage due à de fâcheux imprévus qu’à un itinéraire mal pensé, ne l’a pas empêché de fonder, avec sa compagne de galère (et compagne tout court) Corinne Le Fèbre, l’agence de voyage à vélo Cyclocosmos, qui emmène les cyclovoyageurs sur les routes de l’Amérique du Sud.
Voyager à vélo, c’est surtout échapper aux « lieux communs » du tourisme. Bertrand se souvient par exemple de son voyage en Thaïlande, où « [d]es bus bondés de touristes faisaient la jonction Krabi-Bangkok via une nationale des plus ennuyeuses entre deux champs de palmes, alors qu’à dix kilomètres seulement se trouvait une route magique le long de la côte. Cocotiers, plages de sable blanc, eau turquoise, petits villages de pêcheurs et… zéro touriste, si ce n’est quelques voyageurs à vélo ».

Quelle plus belle métaphore des enchantements du voyage à vélo ? Et si le cyclotourisme, au fond, c’était simplement réapprendre à respirer, écouter son corps… et ses envies authentiquement singulières, au lieu du prêt-à-consommer de l’industrie touristique ?

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Joffrey Nanquette et deux amis, en triplette sur les routes de l’Amérique du Sud
Touristes@AnneRecoules

Et pourquoi pas voyager en voilier ?

Anne est une amie ; elle a beaucoup voyagé, notamment en Amérique du Sud (Chili, Argentine…). Son moyen de transport favori, quand il s’agit de voyage au long cours ? Le voilier. Elle répond ici à quelques questions.

Quel est ton meilleur souvenir de voyage en voilier ?

Une navigation en Terre de Feu et le voilier qui arrive, doucement, dans une caleta coupée du monde, au pied d’un glacier, majestueux, imposant. Puis ces quelques glaçons millénaires que l’on pêche et que l’on glisse dans son whisky : magique !

L’Antarctique aussi, avec une après-midi ensoleillée, à l’ancre, dans une sublime baie bordée de glaciers avec, pour seul bruit, le souffle des baleines qui passent, au loin… Puis cette baleine à bosse qui vient nager à côté du bateau, passe en-dessous, derrière, puis repart comme si de rien n’était… incroyable !

Mais pas besoin d’aller très loin pour de beaux souvenirs : je garde un souvenir mémorable d’une navigation le long de la rivière de l’Odet, dans le Finistère Sud : un cours d’eau qui serpente nonchalamment, bordé d’arbres et de végétation, paisible, loin du bruit et de l’agitation… une véritable bulle.

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Quelle est, hormis la plus évidente, qui est d’être un voyage maritime/aquatique, la particularité qui t’attire le plus fortement dans le voyage en voilier ?

La liberté ! En voilier, il y a certes des contraintes – qui peuvent parfois aller jusqu’à vous empêcher de partir (météo, courant,…) mais, en voilier, on peut accéder à des endroits difficiles d’accès ou même inaccessibles ou voyageur lambda. Un exemple ? En Patagonie, j’ai embarqué sur un voilier et ai pu naviguer pendant une semaine autour des îles Wollaston, non loin du Cap Horn. Sauvages, inhospitalières, rudes et sublimes à la fois, ces îles sont inhabitées sauf par une poignée d’hommes de l’Armada chilienne. Aucun bateau ne les rallie, à part le bâtiment de ravitaillement qui doit passer… moins d’une fois par mois. En voilier, j’ai même pu poser le pied sur le Cap Horn et discuter avec le gardien du sémaphore !

Vue de l'île Freycinet prise de l'île Herschel (crédit : Commons Wikimedia)
Vue de l’île Freycinet prise de l’île Herschel (crédit : Commons Wikimedia)

Est-il impératif d’avoir des notions préalables, un diplôme ?

Un diplôme, pas forcément. Des notions, ça peut aider. Cela dépend en fait du voyage envisagé. S’il s’agit de longer les côtes quelques jours, dans un temps calme, cela devrait aller. Si vous envisagez une transat, vérifiez déjà que vous n’avez pas le mal de mer ! Passer 3 semaines avec l’envie de dormir et de vomir, c’est l’enfer. De plus, certaines personnes ne supportent pas de ne plus voir les côtes et d’être entourés de mer. Avant de vous lancer dans une grande traversée, testez-vous sur de petites navigations, 2-3 jours, pas trop loin des côtes.

Après, cela dépend aussi du capitaine. S’il a l’habitude de naviguer seul, que vous soyez un marin aguerri ou non ne changera pas grand chose pour lui. Par contre, c’est votre attitude qui sera primordiale : supporter la vie à plusieurs dans un espace confiné, être réactif pour les manœuvres (y compris en pleine nuit), prendre part aux quarts de navigation, participer à la vie du bord (cuisine, rangement, nettoyage), partager…

Si c’est pour vous enfermer dans votre cabine toute la journée et manger vos paquets de gâteaux en douce, oubliez tout de suite. A bord d’un bateau, la solidarité est le maître-mot. Ca semble évident et pourtant, les mauvais comportements sont beaucoup plus courants qu’on ne le pense, je vous l’assure ! Il n’y a rien de pire que des équipiers qui ne savent pas vivre en collectivité. Donc testez-vous aussi là-dessus avant d’embarquer.

Le bateau-stop est-il une expérience facile ?

Cela dépend où l’on fait du bateau et à quelle période. Par exemple, pour une transat, il y a des ports propices aux départs des bateaux. Beaucoup de voilier partent des Canaries pour la traversée et vous aurez probablement plus de chances de trouver un voilier par là-bas. Si vous avez une destination dans le viseur, mieux vaut se renseigner avant pour savoir d’où partent les bateaux qui s’y rendent. Et sur la saison aussi : selon la météo (vent, cyclones,…), on n’entame pas telle ou telle traversée. Déjà, avec ces quelques éléments, on augmente ses chances.

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Ensuite, il faut savoir s’adapter. Chaque capitaine n’a pas la même manière de fonctionner et il faudra vous y faire. L’adaptation est donc primordiale, même si on n’est pas d’accord avec le chef de bord. Il faut aussi savoir prendre sur soi, trouver des moments d’espace personnels (Très important ! Vous n’êtes pas obligé d’être en permanence avec les autres et avez le droit d’aller vous isoler 2h à l’avant du bateau) et, en cas de conflit, désamorcer tout de suite. A l’autre bout du monde, beaucoup de capitaine vivent sur leur voilier : n’oubliez jamais que vous êtes chez eux, dans leur maison ! Vous vous imaginez, vous inviter de parfaits inconnus, pendant 3 semaines, chez vous et partager votre cuisine, votre salon, vote nourriture,… ?

Est-on facilement accepté ? N’est-ce pas un peu risqué, surtout pour une femme ?

Pour ma part, je n’ai pas eu de mal à me faire accepter. Peut-être parce que j’ai déjà de l’expérience, ce qui rassure. Un capitaine fera plus facilement confiance à quelqu’un qui a déjà navigué, non seulement parce qu’il peut aider à la manœuvre, prendre un quart sans souci, mais surtout parce qu’il peut être à peu certain que la personne va supporter la vie en mer, la promiscuité et ne va pas péter un plomb au milieu de l’océan !

Après, le fait d’être une fille m’a probablement aidé car… on fait moins peur. Ben oui. Est-ce risqué ? C’est comme pour tout : il faut faire appel à son bon sens et son instinct. J’ai déjà embarqué avec un homme qui naviguait seul, trouvé via un site d’annonces pour équipiers. Comme c’était dans une zone assez isolée, je me suis assurée que la navigation ne serait pas trop loin des côtes, qu’il y aurait des escales (au cas où j’aurais besoin de débarquer), si j’allais avoir une cabine, quel était le but de son voyage, le budget… Au final, il m’a dit qu’il y avait un couple qui embarquait en même temps que moi, ce qui a achevé de me convaincre.

J’ai embarqué un mois avec eux, le couple a débarque et pour ma part j’ai fini, 2 mois plus tard… en Antarctique, ce que je n’avais absolument pas prévu ! Mais si j’avais eu le moindre doute, je n’y serais pas allée. Si vous ne le sentez pas, même un tout petit peu, n’y allez pas. Dans tous les cas, femmes ou homme, il faut être vigilant, ne pas hésiter à poser plein de questions en amont et, pourquoi pas, demander aux voiliers à côté s’ils connaissent la personne et s’il elle leur paraît fiable (au port, toutes les personnes qui sont sur des voiliers et effectuent de longs voyages se connaissent), etc. Il vaut mieux un excès de questions, quitte à paraître suspicieux, que pas assez…

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Pour prolonger :

Récit par Anne de ses aventures antarctiques sur Voyageurs du Net :

Lire aussi le blog d’Anne Recoules