Archives pour la catégorie Voyage Guatemala

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Avant Noël, la Sainte Famille en tournée au Guatémala

Parallèlement et en lien avec Voyageurs du Net, Mikaël et Kalagan ont donné durant quelques mois des ateliers de journalisme en français au sein de l’Alliance française de Xela, deuxième ville du Guatémala. Parmi les articles réalisés par les élèves, celui de Rodrigo Alejandro Domínguez Rivera expose une curieuse tradition de Noël : les posadas. Si d’aventure vous êtes en voyage au Guatémala durant les fêtes de Noël, peut-être aurez-vous l’occasion d’assister comme moi à cette tradition ?

Posadas : en quoi consiste cette tradition ?

Le Guatémala est un pays profondément marqué par le christianisme, apporté par les envahisseurs  espagnols et les missions évangélisatrices successives (qui se poursuivent, du reste, et avec une ferveur nouvelle depuis les années 70, avec les diverses sectes évangéliques).

Les posadas (« hospitalités ») constituent une tradition – catholique – insolite. Une posada est une marche de maison en maison, effectuée par un groupe, portant des farolas (fanaux ou lanternes avec une bougie à l’intérieur) de diverses couleurs et chantant des chansons accompagnées d’instruments.

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Lorsqu’ils arrivent devant une maison, le groupe à l’extérieur chante, puis frappe à la porte ; la famille à l’intérieur ouvre et le laisse entrer.  Une fois dans la maison, ils prient ensemble avant de mange divers plats.

D’une durée de neuf jours, les posadas symbolisent les neuf mois durant lesquels la Vierge Marie et son époux Joseph, les parents du Christ, ont cherché feu et lieu pour la naissance du Divin Enfant. Elle s’étire donc du 15 au 23 décembre, chaque jour symbolisant un mois et voyant une famille différente (et ses invités) accueillir le groupe qui chante et joue de la musique.

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Triste, naïf ou humaniste ? Quetzaltrekkers, ou quand les « Gringos » font visiter le Guatémala

Souvent louées, parfois controversées, certaines initiatives humanitaires ou solidaires se développent de manière naïve, voire perverses pour le pays d’accueil. Symptomatique est le cas de l’agence Quetzaltrekkers, située à Xela (Guatémala), composée de bénévoles – majoritairement étasuniens – de passage, emmenant les touristes en randonnée sur les volcans de la région. Côté positif : reversement intégral des bénéfices à des œuvres locales ; côté négatif : une concurrence insoutenable pour les guides locaux. Un article de Joffrey Nanquette.

Un slogan : « Hike and Help » (« Grimpez et aidez »)

Née en 1995, Quetzaltrekkers est une association qui a vu le jour à Quetzaltenango (Xela, comme on la nomme plus communément), deuxième ville du Guatémala. Le succès de ce projet mêlant tourisme et humanitaire a conduit à la création d’une structure analogue et homonyme à León, au Nicaragua, en 2004, puis à celle de Condortrekkers à Sucre (Bolivie) en 2008. Nous nous intéressons ici seulement à l’agence située au Guatemala.

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Sur le papier, l’initiative est louable : Quetzaltrekkers propose à un public exclusivement anglophone différentes randonnées à des coûts relativement bas, dont les bénéfices sont reversés à deux associations locales partenaires : Escuela de la calle (« école de la rue ») et Hogar abierto (« foyer ouvert »). La première est engagée dans une action de lutte contre le travail infantile de rue et pour l’éducation et l’alphabétisation d’yceux, ainsi qu’à une sensibilisation de parents souvent résistants à la scolarisation. Cette structure est composée de professeurs, travailleurs sociaux et psychologues, soutenus par des volontaires étrangers. D’après le site de Quetzaltrekkers, 175 enfants de 5 à 15 ans, en majorité indigènes, bénéficient de ce programme. La seconde est un lieu d’accueil d’une quinzaine d’enfants et adolescents de 9 à 18 ans que les aléas cruels de l’existence (viol, violence, perte des parents…) ont conduit à se trouver livrés à eux-mêmes.

Le moins que l’on puisse dire est que l’initiative est généreuse : des bénévoles venus, le plus souvent, d’Amérique du Nord, viennent passer un minimum de 3 mois à leurs frais, accompagnant des touristes en excursion dans la région, organisent des fêtes pour lever des fonds au seul bénéfice des associations susmentionnées. Selon le site de l’Escuela de la calle, depuis la création du Hogar abierto qui lui est rattaché, les centaines de bénévoles de Quetzaltrekkers ont permis la viabilité financière des organismes à hauteur de 70 à 80% du budget.

A priori, tout cela est louable et plutôt positif au niveau social, moral et économique ; cependant, regardons d’abord d’un peu plus près le fonctionnement de Quetzaltrekkers.

Vue depuis le Santa María des paysages environnants
Vue depuis le Santa María des paysages environnants

Les dessous des cartes

Les volontaires de Quetzaltrekkers chargés de l’accompagnement des groupes de touristes en randonnée, sont formés en une semaine par leurs prédécesseurs volontaires – et c’est parti ! Il convient d’abord de rappeler que le Guatémala est un pays « sensible » en matière de sécurité, ensuite que les magnifiques balades qu’on peut y réaliser, sont souvent d’une grande difficulté et que le pays fait face régulièrement à des catastrophes naturelles. Il ne faut, bien sûr, pas dramatiser à l’excès : le tourisme au Guatémala n’est pas un chemin de croix ; mais il est important de préciser que ces jeunes au bon cœur, guides improvisés, n’ont pas (ou peu) d’expérience, ne parlent que très peu l’espagnol et n’ont aucun diplôme pour exercer leur activité de guide, ce qui est l’une des conditions au Guatémala pour exercer en tant que guide. Mais, apparemment, nos amis étasuniens n’ont aucune difficulté avec le fait d’ignorer les lois locales et d’être, le plus souvent, incapables d’aligner trois phrases en espagnol.

Lorsque nous sommes allés nous balader sur le Santa María avec notre ami Edgar, guide local vivant au pied du volcan à Llanos del Pinal, nous avons pu vérifier que deux policiers en contrôlaient l’accès, vérifiant si le guide était habilité à exercer et accompagner un groupe. Dit plus clairement : si les Quetzaltrekkers peuvent embarquer des groupes sans disposer de qualifications reconnues, c’est très possiblement en apportant une contribution à la corruption endémique qui ravage le pays et y empêche l’application du droit. (Pour rappel, Transparency International, ONG engagée dans la lutte contre la corruption, classait en 2012 le Guatémala 113ème sur 176 Etats selon l’indice de perception de celle-ci.)

Vue depuis le sommet du Santa María
Vue depuis le sommet du Santa María

Hormis ces pratiques… limites, nos cowboys fringants gagneraient surtout à analyser le projet et le mettre en perspective. Si, lors de sa création, Quetzaltrekkers proposait une projet intéressant, alors que s’achevait la guerre civile et que le nombre de touristes y était encore relativement faible (563 000 cette année là), près de deux décennies plus tard, les choses ont bien changé. L’industrie touristique connaît un développement continu et, avec 1 823 000 en 2011, le pays est le deuxième le plus visité de l’Amérique centrale après le Costa Rica, en dépit de sa réputation – justifiée, mais exagérée – de violence (statistiques de la Banque mondiale). 18 ans après sa création, un bilan serait le bienvenu, consistant notamment à interroger l’impact ou le rapport au tourisme local.

Car, évidemment, certains acteurs locaux souffrent de la réussite de Quetzaltrekkers : avant tout les guides locaux, en majorité des personnes dont ce n’est pas la seule activité professionnelle (beaucoup sont paysans, notamment Edgar, que je viens de mentionner plus haut), ayant pourtant une connaissance parfaite des lieux et une expérience bien fournie. La plupart d’eux parle espagnol, l’idiome maya k’iche’, souvent anglais et même parfois français ou encore japonais. Ils ont le Guatémala dans leur chair, connaissent la faune, la flore, certaines légendes locales parfois, et sont à même d’apporter de précieux éclairages sur le pays lui-même de façon plus générale. Ils sont également souvent connus des locaux, pour la simple raison qu’ils sont leurs voisins. Cependant, la fréquence des randonnées qu’ils effectuent est limitée, contrairement aux jeunes Quetzaltrekkers qui, eux, continuent à remplir leurs listes de réservation.

Une concurrence non libre et faussée

Clairement, Quetzaltrekkers est l’agence gagnante dans un jeu de concurrence guère équitable. Pourquoi ? Certes, nous pourrions penser que le tarif pratiqué est imbattable puisque les guides ne sont pas rémunérés. Mais là n’est pas le propos : les tarifs sont à peu près égaux à ceux pratiqués par les agences locales et guides indépendants. Ce succès s’explique par une grande inégalité de compétences techniques en matière de montage de projet et de maîtrise des nouveaux médias de communication. Après avoir rencontré plusieurs guides locaux et de nombreux touristes, le constat est le même : Quetzaltrekkers sait s’organiser et communiquer.thumbnail-quetzaltrekkers
Les Occidentaux savent s’organiser à moyen-terme et communiquer, même avec un faible niveau d’étude, ce qui n’est pas le cas au Guatémala. L’intervioù avec Oscar et Edgar, deux guides locaux, confirme une incapacité à se réunir, à s’organiser et élaborer une réponse collective des guides indépendants à la concurrence, liée autant à des conflits interpersonnels et des questions d’orgueil qu’à une méconnaissance des nouvelles technologies. C’est là que le bât blesse.
Les Quetzaltrekkers se rendent-ils compte qu’ils prennent le travail des locaux, exerçant une concurrence rude, jouissant du magistère de la charité autant que de la visibilité médiatique ? Pourquoi n’intègrent-ils et ne forment-ils pas plutôt des locaux, durablement impliqués sur place, afin qu’ils puissent ensuite être autonomes ? Leur stratégie reste floue, voire inexistante. Impossible toutefois de nier leur sincérité ni la réalité du secours financier à des dizaines d’enfants miséreux. La relation à ceux-ci n’est, certes, pas nécessairement très proche – un repas par semaine suivi d’un match de foot, servant a remplir son appareil numérique de jolies photos d´enfants pauvres : la grande classe – mais la réalité de l’apport est incontestable.

Mais les Quetzaltrekkers ne sont pas les seuls à faire du tort aux guides locaux. En effet, les agences de voyage locales n’ont pas non plus tendance à tirer vers le haut les guides locaux, bien au contraire, faisant régner une concurrence entre les guides, encouragés à brader leur force de travail. Ceux-ci ne touchent en moyenne moins de 10% des sommes versés par les touristes aux agences et sont chargés d’embarquer des groupes souvent trop nombreux : 8, 10 personnes, parfois davanatge. Pablo Ixcot, autre guide local, dûment formé à la randonnée montagnarde, évalue quant à lui les conditions de sécurité optimales, pour une ascension de volcan, à un ratio de 4 ou 5 personnes par guide.

Des guides bien esseulés

Malheureusement, rares sont les alternatives pour les guides, car la majorité des touristes passe par les agences qui emploient ceux-ci, ou par Quetzaltrekkers. Au milieu de cette jungle, ces travailleurs du tourisme local, malgré leurs compétences, semblent bien esseulés.
Le phénomène de l’exploitation ou de la sujétion des travailleurs des pays pauvres est bien connu : nous avons eu l’occasion de parler du cas de Cancun ou de celui du tourisme de masse. Dans un autre registre, la tragique affaire des ouvriers sous-traitants pour Mango morts au Bangladesh, illustre ce phénomène. Mais un frein au développement souvent moins visible, car considéré positivement, vient aussi parfois de la charité et des institutions humanitaires, dont l’activité peut constituer un frein à l’échelle locale.

En l’espèce, Quetzaltrekkers ne mérite totalement l’opprobre, car la collecte de fonds réalisée depuis sa création a permis d’extirper de la rue et de la misère de nombreux enfants, et de former des professeurs. Mais il importe de garder une certaine vigilance à l’égard d’institutions dont les belles intentions affichées ont un revers parfois bien pire.

En dernier ressort, il reste le choix individuel du touriste : ou bien donner son argent à une association caritative nord-américaine dont les fonds engendrent de réels bienfaits, mais qui n’apportent pas de garanties suffisantes de sécurité ni de qualité de service ; ou bien privilégier des guides locaux compétents et bien formés, et soutenir la microéconomie touristique.

Le saviez vous ?

Gringo : parmi les diverses origines étymologiques possibles du mot, l’une fait remonter le terme à une chanson entonnée lors de la guerre mexico-étasunienne.

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A Sumpango, on fête les morts avec des cerfs-volants

La Fête des morts est un moment important de l’année au Mexique aussi bien qu’au Guatémala. Quiconque voyage dans ce pays centre-américain à cette période de l’année gagnera à se rendre à Sumpango comme je l’ai fait : ses gigantesques cerfs-volants sont particulièrement spectaculaires et constituent un témoignage vibrant de la culture populaire guatémaltèque.

Les cerfs-volants (« barriletes », en espagnol) font indéniablement partie de la culture guatemaltèque. C’est principalement dans le département de Sacatepéquez, dont la Antigua est le chef-lieu, que la tradition est le plus vivace. Le 1er novembre, pour la Fête des morts, de gigantesques cerfs-volants s’agitent couvrent le ciel de leur mille couleurs.

C’est en effet à Sumpango que la tradition guatémaltèque des cerfs-volants de la Fête des morts trouve sa capitale. Ce sont principalement les jeunes de la ville  qui organisent les festivités à l’occasion de la Fête des morts, le 1er novembre. Pendant plus de 45 jours, ils préparent et confectionnent ces cerfs-volants géants, avec plusieurs types de papier de couleur et de bambous. Quatre catégories sont en compétition : la catégorie D est celle des enfants (1 à 2,5 mètres de diamètre), la catégorie C est la catégorie de formes libres, la catégorie B expose des cerfs-volants de 3 à 6 mètres de diamètre. Enfin, la catégorie A expose ceux de plus de 10 mètres de diamètre.

Lors de la Fête des morts, les cerfs-volants s’agitent un peu partout dans le ciel du Guatémala. Mais c’est à Sumpangoque les cerfs-volants sont les plus démesurés et marqués par des motifs traditionnels.

La légende raconte que pour éviter que les mauvaises âmes perturbent les voisins de la région, il faut créer des sons avec le vent et le papier : cela permet de les éloigner.

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Zaculeu, capitale du royaume postclassique Mam

Au milieu des hautes terres du Guatemala se trouve la capitale du ancien royaume mam, Zaculeu. Ce site, qui à été déclaré Monument National Précolombien depuis 1970, se situe à 1900m d’altitude et à seulement 4 km de la ville de Huehuetenango, capitale du département homonyme.

Zaculeu (« Terre Blanche » dans les langues maya quiché et kanjobal) était occupé dans la période Classique Précoce (250-600 de notre ère) en montrant influence provenant de Teotihuacán, un puissant peuple au nord du Mexique. La plupart des bâtiments ont été édifiés dans la période Postclassique (250-900) et comprennent surtout des bâtiments gouvernementaux autour d’une série des grandes places, entouré par une fortification qui fut un vrai défi pour les espagnols.

Place principale de la zone archéologique de Zaculeu
Place principale de la zone archéologique de Zaculeu

Après l’invasion espagnole, le temple maya reste en abandon pour être redécouvert pendant le XIX siècle et traversa une restauration sous le soutien de la compagnie américaine United Fruit Company. Pendant la restauration quelques bâtiments ont été revêtis avec du ciment.

Le complexe n’est pas d’une grande superficie et ne demande pas beaucoup du temps pour être parcouru. Par contre c’est populaire pour se promener en famille dans un espace ouvert et au même temps culturel. Il demeure à ce jour un site cérémoniel pour les Mayas Mam et son terrain de jeu de balle, le célèbre sport rituel mésoaméricain, figure entre les plus connus dans le pays. Il compte aussi avec un petit musée pour mieux comprendre le contexte historique de Zaculeu.

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Crédits photos : Commons Wikimedia.

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La 6ème rue (ou « Sexta ») : où convergent les contrastes du Guatemala

Article co-écrit avec Adrián Wolff

Guatemala City est reconnue comme le centre du pays, pour les riches comme pour les plus pauvres qui s’y sont installés en recherche d’opportunités de travail. Une avenue en particulier résume et définir la ville : la sixième avenue, ou « Sexta Avenida ». Là, se trouvent des poètes, des danseurs de hip-hop, des prostituées et des mendiants, autant que des bobos et des fils-à-papa, tous dans une même rue.

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Une statue de rue sur un des bancs de la sixième avenue ; à droite, une collégienne, qui vient de finir sa journée d’école

Dans les années 50, l’avenue était le symbole de la prospérité et l’élégance ; trois décennies plus tard, elle est devenue un symbole de décadence, tout comme le reste de la zone 1, zone historique et centrale de la capitale guatémaltèque. Durant près de trois ans, l’avenue a constitué la première étape d’un projet visant à sauver le centre historique Guatemala City. La restauration des bâtiments art déco, l’élargissement des trottoirs et le montage de sculptures ont représenté une partie majeure de ces premières réfections.

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Vue de la Sexta Avenida. A droite, l’édifice La Perla (crédits : Commons Wikimedia)
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Un des bâtiments historiques de la sixième avenue en travaux (août 2014)

Sa popularité ne s’en porte que mieux. Les weekends, la rue est remplie de familles de la classe moyenne qui profitent d’une promenade sécurisée, tandis que les uniques pneus autorisés sont ceux du Transmetro (service de bus articulés).

Le soir, les jeunes riches sortent de leur cage d’or pour visiter les bars underground et alternatifs de l’avenue ; ils s’abstiennent cependant d’en sortir avec leur Range Rover. Près de là, les coups de feu sont fréquents et les dealers déambulent.

Malgré tout, la « Sexta » essaye de restaurer sa gloire passée et constitue une promenade bohème et moderne, en accueillant tous les couleurs de la société guatémaltèque.

Collégiennes prenant la pose pour les touristes français de passage
Collégiennes prenant la pose pour les touristes français de passage

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Crédits photo : Bertrand Lasseguette (sauf mention)

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El Mirador : le plus vaste site maya, dans la jungle

Entre la forêt tropicale guatémaltèque à quelques kilomètres de la frontière entre le Mexique, se trouve le massif complexe de pyramides du Mirador. A cause de se trouver encore sous-bois et dans un environ inaccessible, le site n’est pas si connu comme ses voisins mais il commence à gagner notabilité pendant que les recherches se réveillent aux masses.

Découvert en 1926, il demeure isolé jusqu’en 1978, lorsque les enquêtes sur le site commencent. Les archéologues estiment alors que les pyramides appartiennent à une période antérieure au Classique récent (lequel débute au VIème siècle de notre ère), dont relèvent Tikal ou Uaxactún.

El Mirador atteint en effet son apogée entre au Préclassique, entre le 3ème siècle avant notre ère et le 1er siècle de notre ère, avec une population évaluée par les archéologues à 100 000 habitants, population estimée nécessaire pour la construction des bâtiments d’une telle envergure.

Les structures les plus remarquables de la zone sont la pyramide du Tigre avec ses 55 mètres de hauteur et, surtout, La Danta : avec ses 70 mètres et un volume de 2,8 millions de mètres cubes, elle est la plus haute pyramide du monde et l’un des monuments les plus massifs jamais érigés.

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A partir de 2003, une équipe dirigée par l’archéologue de l’Université de Idaho Richard Hansen débute les fouilles, lesquelles aident à éclairer l’histoire du Mirador. Homme très médiatique, Hanson contribue à diffuser ses recherches au public via des grands médias comme National Geographic, Discovery Channel, BBC, etc., qui au même temps les diffusent aux grands publics.

En raison de sa situation géographique retirée, le site est menacé par les pillards qui profitent de sa faible surveillance, ainsi que par la déforestation qui dévore la jungle. Un voyage au Mirador exige une disponibilité de 4 à 5 jours pour traverser la jungle depuis le village de Carmelita, où une coopérative organise des treks en mule ou á pied, en passant par plusieurs autres temples mayas, perdus dans la végétation et moins explorés.

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Le chocolat, boisson des dieux mayas

Avant la découverte de ce qui est aujourd’hui le Guatemala, les Mayas utilisaient le cacao comme élément de troc et de monnaie, alors que les seuls qui pouvaient jouir du plaisir de le boire étaient les prêtres et les rois. Quand les Espagnols sont arrivés en Amérique centrale, au cœur du monde maya, ils ont remarqué que de la monnaie précieuse maya… on pouvait extraire une savoureuse boisson : le chocolat. C’est d’ailleurs pourquoi les envahisseurs décidèrent de porter la graine de cacao en Espagne.

On obtient la boisson à partir des grains de cacao. L’opération passe par plusieurs étapes : les grains sont grillés, épluchés puis moulus, avant que ne soient ajoutés du sucre, du lait ou une autre saveur (orange, menthe, gingembre, orange, amande : il existe une grande variété).

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Les fèves de cacao sèches
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Les fèves de cacao grillées

Après avoir moulu le cacao compact, il est compacté en tablette. Si, en France, les tablettes sont comestibles, quiconque voyage au Guatémala aura la curiosité de goûter le chocolat pourra acheter ces tablettes, que l’on place dans l’eau bouillante et/ou le lait, où il se dissout lentement à mesure que l’on remue… pour pouvoir enfin être dégusté, privilège autrefois réservé à l’élite maya, boisson des dieux.

À Quetzaltenango, seconde ville du Guatemala, plus sous son nom maya de Xela (abréviation de Xelajú), il existe divers lieux où l’on peut déguster ce chocolat chaud, encore préparé encore préparé selon la manière artisanale. Le froid de la ville, située à plus de 2000 mètres, dans les hautes terres (altiplano), est en effet propice à la consommation de chocolat chaud.

L’un des meilleurs endroits de la ville est le café Tranvía de Los Altos, situé non loin du cimetière général. Là, il est possible de goûter différentes combinaisons exotiques : saveurs de figue, de cardamome, d’épices, d’orange, de menthe et d’autres encore que l’on ne trouve pas ailleurs. Ils fabriquent aussi une liqueur issue de la fermentation du cacao. Un autre intérêt du lieu est d’offrir une approche de l’histoire du cacao et de son élaboration.

Non loin du parc central, le singulier café La Luna, en plus d’être une sorte de musée d’antiquités locales (ou pas), est réputé pour être le premier lieu de Xela où le chocolat ait été fabriqué. Celui qu’on peut y déguster est exquis.

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Tablette qui vient d’être introduite dans une casserole d’eau bouillante

Parmi les autres lieux pour déguster le chocolat chaud, viennent le café Baviera, la chaîne La Vienesa, ou encore la Chocolatería de Doña Pancha, que certains considèrent comme le meilleur endroit de la ville en la matière. Si ces endroits n’apparaissent pas sur la carte touristique, il suffit de demander son chemin : les locaux sauront indiquer au visiteur un café où déguster le chocolat chaud… qu’il est de bon ton d’accompagner d’une sheca (un délicieux pain traditionnel de Xela).

Les adresses des cafés où on peut déguster un chocolat chaud sont les suivantes :

  • Café La Luna : 8 avenida 4-11, zona 1
  • Café Tranvía de Los Altos : Intersection entre la 20 avenida et diagonal 11 près du cimetière général de la zone 1
  • Café Baviera : 5 calle 13-14, zona 1
  • Café La Vienesa : 6 calle 9-08, zona 1
  • La Chocolatería de Doña Pancha : 10 calle, 16-67, zona 1

Victor Rivas et Andrea Molina

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Au Guatemala, les Verapaces : cap sur la nature !

Destination touristique de plus en plus fréquentée depuis la fin des années 1990 et la signature de la paix (fin 1996), le Guatémala est réputé principalement pour ses trois sites inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco : la ville coloniale de la Antigua et les deux sites mayas de Tikal et de Quiriguá. Il est aussi un pays très apprécié pour sa nature profuse et la diversité de ses climats. Les deux départements des Verapaces (Hautes et Basses) abritent notamment les célèbres piscines naturelles de Semuc Champey, mais méritent d’être explorées plus avant tant la nature y est prodigue.

Les piscines naturelles bleu ciel de Semuc Champey

Ce n’est pas la plus commode des promenades pour s’y rendre depuis la ville de Cobán, puis depuis le village proche de Lanquín, mais le voyage vaut d’être fait : Semuc Champey est l’un des lieux les plus remarquables que l’on puisse voir lors d’un voyage au Guatémala. Qu’on y entre seulement pour s’y promener librement ou que l’on prenne un guide pour parcourir la grotte à l’entrée du parc naturel et faire quelques activités (flottage sur des chambres à air sur le fleuve Cahabón, balançoire/plongeon), une visite de Semuc Champey restera un souvenir durable dans la mémoire des touristes.

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Grottes de Lanquín et ses créatures de la nuit

L’immense majorité des visiteurs de passage à Lanquín s’y rend pour visiter Semuc Champey. Mais la visite des grottes de Lanquín est souvent proposée, et elle est intéressante. Au coucher du soleil, des milliers de chauve-souris s’élancent hors des grottes – formations qui abondent dans les Verapaces et furent dans certains cas, voire demeurent, des lieux sacrés des Mayas. Pas de panique : aussi surprenant que cela paraisse, elles ne touchent pas les visiteurs dans leurs vols singuliers et zigzaguants. À la lumière d’une bougie ou d’une lampe torche, la visite permet d’observer les formations rocheuses aux formes parfois surprenantes… et une singulière créature, entre araignée et scorpion, inoffensive… et dont le guide confesse ne savoir pas quel nom porte cette espèce fascinante.

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Laguna Lachuá (cenote)

Située dans une zone tropicale sauvage des environs de Cobán, la lagune Lachuá a donné son nom au parc national creé en 1976. En dépit de son nom (qui lui vient du maya kekchí li chu há, c’est-à-dire « odeur fétide », en raison de l’odeur sulfurique de l’eau), cette vaste lagune de forme ronde en façon de cenote est souvent qualifiée de « petit paradis » par ceux qui la visitent.

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Grottes du Roi Marcos

Situées non loin de Cobán, les grottes du Roi Marcos se trouvent dans un parc naturel où il est même possible de dormir dans des cabanes rustiques. Découvert seulement en 1998, elles abondent en formations naturelles étonnantes. Préférez y aller, dans la mesure du possible, lors de la saison sèche : les pluies peuvent rendre tout simplement inaccessibles les grottes.

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Le cenote et centre écotouristique Hun Nal Ye

Les cenotes (VDN) sont, a priori, des formations naturelles peu fréquentes hors de la péninsule du Yucatán, au Mexique. Cependant, il en existe quelques-uns hors du Mexique, notamment au Guatémala : la Laguna Lachuá est considérée comme tel et c’est aussi le cas de Hun Nal Ye (« Maison du dieu de la Lune »), ancien site sacré maya et désormais réserve naturelle privée convertie en lieu écotouristique. Outre les nombreuses activités de loisir proposées (canopy, cheval, plongée, kayak, pêche…), on peut y observer de nombreuses espèces vivantes, dont quelque 170 d’arbres, 200 d’oiseaux, 25 de mammifères, 20 types d’amphibiens et 23 reptiles, ainsi qu’un grand nombre d’insectes dont certaines espèces aussi rares qu’étranges.

NB : accès seulement sur réservation. Plus de détails sur le site du lieu http://www.parquehunnalye.com/

Le Biotope du Quetzal

Le quetzal est l’oiseau national du Guatémala, présent d’ailleurs sur son drapeau, symbole d’une liberté farouche (il est réputé ne pouvoir vivre en captivité) et d’autant plus comique pour un pays si soumis aux intérêts étasuniens… Mais là n’est pas le propos. Si le quetzal n’est pas un oiseau endémique au Guatémala (on en trouve diverses variétés dans toute l’Amérique centrale, jusqu’au Costa Rica), il y est cependant visible… et dans deux zones protégées, l’une dans l’ouest du Guatémala, l’autre dans le département de Baja Verapaz, dans son milieu naturel. Seul souci : pour avoir la chance de l’observer, il faut être présent durant la saison idoine.

Mexique - Lagune de Bacalar

Amérique centrale : 5 couchers de soleil inoubliables

Formant un interminable isthme entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud, l’Amérique centrale offre des panoramas maritimes fantastiques, que ce soit sur la côte caraïbe ou pacifique. Si le Mexique n’est pas rattachée à l’Amérique centrale, nous avons inclus cependant deux lieux, visités lors de notre voyage en terres latines.

« Village magique » de Bacalar, Mexique

Situé à quelques heures de bus au sud de Cancún, Bacalar est un village particulièrement tranquille et calme, au bord d’une lagune bleu azur. Lieu de rêve, où la couleur vive de la flore et la profusion de la flore, où le soleil généreux et une certaine lenteur sont la garantie d’un séjour de repos. Il faut se promener tout le long de sa rive, jusqu’au cenote azul (un des nombreux cenotes de la péninsule du Yucatán, ces puits naturels caractéristiques de la région). Quelques pontons donnent accès à la lagune où l’on peut se baigner dans l’eau chaude ou contempler, au soir, la mirifique plongée du soleil.

Mexique - Lagune de Bacalar (bis)

Playa El Tunco, El Salvador

Depuis un peu moins de dix ans, cette station balnéaire connaît un fort développement. En 2005, nous conte Gilles, propriétaire de l’hôtel-bar-restaurant Mopelia, il n’y a là que 2 restos et 4 hôtels. En 2012, ce sont rien moins de 25 hôtels. Situé à 45 minutes de la capitale, Playa El Tunco est devenu en quelques années une sorte de Saint-Tropez salvadorien où, le weekend, viennent se détendre aussi bien des familles que la jeunesse dorée de San Salvador ou les vedettes locales. Avec sa plage de sable volcanique (noir, donc), El Tunco n’est pas à proprement parler la plus belle plage du pays : des plages magnifiques, quasi non exploitées par le tourisme, sont situées plus au nord, près de la frontière avec le Guatémala. Mais c’est surtout au surf que la station doit sa réputation : plusieurs magazines, dans les années 2000, ont indiqué que là se situait un des meilleurs spots de surf au monde ; c’est donc d’abord sur un tourisme du surf que la station a grandi. C’est aujourd’hui un petit village agréable et tranquille, dont 95% des propriétaires de business sont locaux et fréquenté pour moitié d’étrangers – souvent surfeurs – et pour moitié de Salvadoriens. Les couchers de soleil fabuleux sur le Pacifique sont un des grands plaisirs qu’offre ce lieu.

Salvador - Playa El Tunco

Mazunte, Mexique

Située sur la côte de l’Etat d’Oaxaca, Mazunte a connu une destinée comparable à celle de la station de Playa El Tunco. De quelques hôtels éparpillés autour de quelques sentiers de terre, d’une ambiance familiale des gérants et employés locaux, d’une fréquentation faible, la station est devenue une petite star du tourisme écochic dont la côte d’Oaxaca s’est fait la spécialité. Le lieu n’a pas encore tout à fait atteint le stade de saturation et conserve tout de même une ambiance très détendue… Si la principale partie de Mazunte est situé le long d’une plage très charmante, une autre est en revanche presque vierge (en prenant le chemin pour Punta Cometa, qui monte et passe devant le cimetière). Le lieu mérite le séjour. Nous y sommes restés deux semaines, l’idéal pour jouir pleinement de sa douceur et de son ambiance très relax. Les nombreux points d’où admirer le lever ou le coucher de soleil garantissent un spectacle fabuleux chaque jour.

Mexique - Mazunte 1

Tilapa, Guatémala

Sur la côte pacifique du Guatémala, à quelques kilomètres de la frontière mexicaine, se trouve un village nommé Tilapa. Le Conap (Conseil national des zones protégées) y conduit une mission de protection de la tortue marine, comme, du reste, en de nombreux autres points de la côte pacifique d’Amérique. En novembre 2012, j’assistai à la libération de plus de 80 bébés tortues, au soleil couchant : un spectacle inoubliable. Quiconque voyage au Guatémala (TDA), a fortiori en prenant son temps et en s’écartant des autoroutes du tourisme, s’émerveillera de ce lieu exquis… et du coucher de soleil fabuleux qu’on y peut admirer.

Guatémala - Tilapa Guatémala - Tilapa (bis)

Le lac Atitlán, Guatémala

Pour les Guatémaltèques, le lac Atitlán est une des fiertés nationales. Pas un hasard si l’écrivain Aldous Huxley écrivait : « Pour moi, le lac de Côme touche aux confins du pittoresque, mais le lac Atitlán est le lac de Côme embelli de plusieurs volcans immenses. C’est vraiment au dessus de tout ». Formé dans un cratère volcanique et entouré de monts et de deux volcans actifs (Atitlán et Tolimán), le lac Atitlán est incontournable pour quiconque découvre l’Amérique centrale (VDN). Avec un tel panorama, les couchers de soleil auxquels on assiste là ne peuvent qu’être spectaculaires.

Lac Atitlan

Les restaurants de Quetzaltenango

Quiconque vient à Xela en aura pour son argent s’il veut manger savoureux et divers. Les meilleurs restaurants sont clairement le Pasaje Mediterraneo (cuisine méditerranéenne succulente et l’un des meilleurs restos du pays), Royal Paris (mention spéciale pour le camembert chaud au sauco) Don Carlos (y aller le dimanche matin pour le petit-déjeuner à volonté, […]

Quiconque vient à Xela en aura pour son argent s’il veut manger savoureux et divers. Les meilleurs restaurants sont clairement le Pasaje Mediterraneo (cuisine méditerranéenne succulente et l’un des meilleurs restos du pays), Royal Paris (mention spéciale pour le camembert chaud au sauco) Don Carlos (y aller le dimanche matin pour le petit-déjeuner à volonté, dont la thématique change chaque semaine). Mais on trouve aussi des pizzerias (chez mon copain français Samuel, au Sabe Delis), des restaurants indiens (Sabor de la India), vietnamo-thaï (Las Orquídeas), des hamburgers excellents et copieux (Portal de la Quinta, situé tout comme le Mediterraneo dans le passage couvert Enríquez), des pâtisseries, du café ou du chocolat chaud local (La Baviera), etc. La Equina asiática propose aussi, le dernier samedi du mois, un buffet à volonté pour Q50 avec divers plats délicieux au choix.

Pour ceux qui voudraient manger local, un sérieux problème de la ville – et du pays en général – est de n’avoir pas de vrais restaurants gastronomiques pour découvrir la cuisine guatémaltèque [lien VDN article sur ce sujet]. Signalons toutefois Utz’ Hua, une mini-chaîne de restauration guatémaltèque locale qui compte (au moins) trois restaurants, où l’on peut manger pour pas cher (Q20 à Q30 environ le repas, c’est-à-dire environ 2 à 3€), ainsi que le Sagrado Corazón. Ce n’est pas exquis, mais c’est roboratif et même assez correct. Reste que pepián, jocon ou caldo de gallina sont toujours meilleurs faits maison que dans les petits restaurants. Pour manger vraiment pas cher, il y a aussi le Sexto Estado (menus à moins de 2€). Sur le marché Democracia, Delicias Huehuetecas propose aussi des menus de spécialités locales à pas cher. Les petits stands présents un peu partout de bouffe de rue offrent parfois des tamales de bonne qualité, des bananes plantain frites, encore des rellenitos (beignets frits de banane plantain fourrés avec de la purée de haricots noirs) ou encore des grillades souvent de qualité très médiocre, mais pas chères.