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Et pourquoi pas voyager en voilier ?

Anne est une amie ; elle a beaucoup voyagé, notamment en Amérique du Sud (Chili, Argentine…). Son moyen de transport favori, quand il s’agit de voyage au long cours ? Le voilier. Elle répond ici à quelques questions.

Quel est ton meilleur souvenir de voyage en voilier ?

Une navigation en Terre de Feu et le voilier qui arrive, doucement, dans une caleta coupée du monde, au pied d’un glacier, majestueux, imposant. Puis ces quelques glaçons millénaires que l’on pêche et que l’on glisse dans son whisky : magique !

L’Antarctique aussi, avec une après-midi ensoleillée, à l’ancre, dans une sublime baie bordée de glaciers avec, pour seul bruit, le souffle des baleines qui passent, au loin… Puis cette baleine à bosse qui vient nager à côté du bateau, passe en-dessous, derrière, puis repart comme si de rien n’était… incroyable !

Mais pas besoin d’aller très loin pour de beaux souvenirs : je garde un souvenir mémorable d’une navigation le long de la rivière de l’Odet, dans le Finistère Sud : un cours d’eau qui serpente nonchalamment, bordé d’arbres et de végétation, paisible, loin du bruit et de l’agitation… une véritable bulle.

voyage-voilier

Quelle est, hormis la plus évidente, qui est d’être un voyage maritime/aquatique, la particularité qui t’attire le plus fortement dans le voyage en voilier ?

La liberté ! En voilier, il y a certes des contraintes – qui peuvent parfois aller jusqu’à vous empêcher de partir (météo, courant,…) mais, en voilier, on peut accéder à des endroits difficiles d’accès ou même inaccessibles ou voyageur lambda. Un exemple ? En Patagonie, j’ai embarqué sur un voilier et ai pu naviguer pendant une semaine autour des îles Wollaston, non loin du Cap Horn. Sauvages, inhospitalières, rudes et sublimes à la fois, ces îles sont inhabitées sauf par une poignée d’hommes de l’Armada chilienne. Aucun bateau ne les rallie, à part le bâtiment de ravitaillement qui doit passer… moins d’une fois par mois. En voilier, j’ai même pu poser le pied sur le Cap Horn et discuter avec le gardien du sémaphore !

Vue de l'île Freycinet prise de l'île Herschel (crédit : Commons Wikimedia)
Vue de l’île Freycinet prise de l’île Herschel (crédit : Commons Wikimedia)

Est-il impératif d’avoir des notions préalables, un diplôme ?

Un diplôme, pas forcément. Des notions, ça peut aider. Cela dépend en fait du voyage envisagé. S’il s’agit de longer les côtes quelques jours, dans un temps calme, cela devrait aller. Si vous envisagez une transat, vérifiez déjà que vous n’avez pas le mal de mer ! Passer 3 semaines avec l’envie de dormir et de vomir, c’est l’enfer. De plus, certaines personnes ne supportent pas de ne plus voir les côtes et d’être entourés de mer. Avant de vous lancer dans une grande traversée, testez-vous sur de petites navigations, 2-3 jours, pas trop loin des côtes.

Après, cela dépend aussi du capitaine. S’il a l’habitude de naviguer seul, que vous soyez un marin aguerri ou non ne changera pas grand chose pour lui. Par contre, c’est votre attitude qui sera primordiale : supporter la vie à plusieurs dans un espace confiné, être réactif pour les manœuvres (y compris en pleine nuit), prendre part aux quarts de navigation, participer à la vie du bord (cuisine, rangement, nettoyage), partager…

Si c’est pour vous enfermer dans votre cabine toute la journée et manger vos paquets de gâteaux en douce, oubliez tout de suite. A bord d’un bateau, la solidarité est le maître-mot. Ca semble évident et pourtant, les mauvais comportements sont beaucoup plus courants qu’on ne le pense, je vous l’assure ! Il n’y a rien de pire que des équipiers qui ne savent pas vivre en collectivité. Donc testez-vous aussi là-dessus avant d’embarquer.

Le bateau-stop est-il une expérience facile ?

Cela dépend où l’on fait du bateau et à quelle période. Par exemple, pour une transat, il y a des ports propices aux départs des bateaux. Beaucoup de voilier partent des Canaries pour la traversée et vous aurez probablement plus de chances de trouver un voilier par là-bas. Si vous avez une destination dans le viseur, mieux vaut se renseigner avant pour savoir d’où partent les bateaux qui s’y rendent. Et sur la saison aussi : selon la météo (vent, cyclones,…), on n’entame pas telle ou telle traversée. Déjà, avec ces quelques éléments, on augmente ses chances.

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Ensuite, il faut savoir s’adapter. Chaque capitaine n’a pas la même manière de fonctionner et il faudra vous y faire. L’adaptation est donc primordiale, même si on n’est pas d’accord avec le chef de bord. Il faut aussi savoir prendre sur soi, trouver des moments d’espace personnels (Très important ! Vous n’êtes pas obligé d’être en permanence avec les autres et avez le droit d’aller vous isoler 2h à l’avant du bateau) et, en cas de conflit, désamorcer tout de suite. A l’autre bout du monde, beaucoup de capitaine vivent sur leur voilier : n’oubliez jamais que vous êtes chez eux, dans leur maison ! Vous vous imaginez, vous inviter de parfaits inconnus, pendant 3 semaines, chez vous et partager votre cuisine, votre salon, vote nourriture,… ?

Est-on facilement accepté ? N’est-ce pas un peu risqué, surtout pour une femme ?

Pour ma part, je n’ai pas eu de mal à me faire accepter. Peut-être parce que j’ai déjà de l’expérience, ce qui rassure. Un capitaine fera plus facilement confiance à quelqu’un qui a déjà navigué, non seulement parce qu’il peut aider à la manœuvre, prendre un quart sans souci, mais surtout parce qu’il peut être à peu certain que la personne va supporter la vie en mer, la promiscuité et ne va pas péter un plomb au milieu de l’océan !

Après, le fait d’être une fille m’a probablement aidé car… on fait moins peur. Ben oui. Est-ce risqué ? C’est comme pour tout : il faut faire appel à son bon sens et son instinct. J’ai déjà embarqué avec un homme qui naviguait seul, trouvé via un site d’annonces pour équipiers. Comme c’était dans une zone assez isolée, je me suis assurée que la navigation ne serait pas trop loin des côtes, qu’il y aurait des escales (au cas où j’aurais besoin de débarquer), si j’allais avoir une cabine, quel était le but de son voyage, le budget… Au final, il m’a dit qu’il y avait un couple qui embarquait en même temps que moi, ce qui a achevé de me convaincre.

J’ai embarqué un mois avec eux, le couple a débarque et pour ma part j’ai fini, 2 mois plus tard… en Antarctique, ce que je n’avais absolument pas prévu ! Mais si j’avais eu le moindre doute, je n’y serais pas allée. Si vous ne le sentez pas, même un tout petit peu, n’y allez pas. Dans tous les cas, femmes ou homme, il faut être vigilant, ne pas hésiter à poser plein de questions en amont et, pourquoi pas, demander aux voiliers à côté s’ils connaissent la personne et s’il elle leur paraît fiable (au port, toutes les personnes qui sont sur des voiliers et effectuent de longs voyages se connaissent), etc. Il vaut mieux un excès de questions, quitte à paraître suspicieux, que pas assez…

Antarctique_Dorian-Bay

Pour prolonger :

Récit par Anne de ses aventures antarctiques sur Voyageurs du Net :

Lire aussi le blog d’Anne Recoules

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