Récemment inscrite, en 2012 (et conjointement à la slovène Idrija), au Patrimoine mondial de l’humanité, en raison principalement de ses sites miniers, la petite ville espagnole d’Almadén abrite un hôtel insolite situé… dans une arène, initialement dédiée à la tauromachie.
Reconnu déjà en 1979 au patrimoine national en tant que monument historique artistique, l’hôtel Plaza de Toros (« Place des taureaux ») a intégré, au côté du patrimoine minier de la ville, la liste Unesco du Patrimoine mondial en 2012.
L’intégration de cet ensemble, conjointe à celle du site d’exploitation mercuriale d’Idrija (Slovénie), tous les deux étant parmi les plus grands au monde, est motivée par deux critères culturels de l’Unesco (les critères numéro 2 et 4), à savoir :
– « témoigner d’un échange d’influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l’architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages » ; et
– « offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l’histoire humaine ».
La visite du parc minier, d’où le mercure a été extrait depuis l’antiquité jusqu’à la fermeture des mines en… 2003, est donc, évidemment, l’attraction principale. Les monuments inscrits au Patrimoine mondial incluent aussi bien les édifices témoignant de l’histoire minière que le château Retamar, des édifices religieux et des puits traditionnels.
Plaza de Toros : la singulière histoire de cet hôtel insolite situé… dans une arène
Ville où étaient envoyés de nombreux condamnés aux travaux forcés dans ses mines de mercure, Almadén était affligée d’un taux de mortalité élevé : les épidémies s’y répandaient vite et la localité ne disposait pas d’un hôpital où soigner les mineurs blessés.
En 1752, le Surintendant des Mines, Don Francisco Javier de Villegas demanda l’érection d’un bâtiment de 24 logements pour accueillir des familles, pour diminuer la densité humaine et permettre de lever les fonds, grâce aux loyers, pour la construction d’un hôpital pour les mineurs (aujourd’hui visitable et partie intégrante du Patrimoine de l’humanité d’Almadén). Par la même occasion, ces logements seraient répartis tout autour d’une arène de tauromachie hexagonale, destinée à accueillir les festivités. De fait, ces logements furent occupés par des locaux jusque dans les années 90. Après de grands travaux, l’hôtel fut inauguré en 2003.
Toutes les chambres sont orientées vers l’extérieur de l’arène, à l’exception de la suite, d’où l’on peut contempler l’arène – mais pas lors des corridas, moments où sont placées des tribunes autour de celle-ci. (Lesdites corridas n’ont lieu que deux fois l’an : lors de la Semaine Sainte, puis à la mi-août, lors des fêtes de la localité.) Au-delà de son aspects insolite, Plaza de Toros est un hôtel 4 étoiles spacieux et à l’élégance rustique : murs épais et blanchis à la chaux, boiseries et fer forgé. A noter : Plaza de Toros abrite également un Musée du taureau, ainsi qu’un restaurant.