C’est tout au sud du Mexique et de l’État le plus méridional, le Chiapas, que se trouvent les lagunes de Montebello, un ensemble d’une cinquantaine de lacs au cœur d’une forêt de conifères. En 2009, soit 50 ans après sa constitution en parc national (le premier du Chiapas), l’Unesco l’inscrivait comme réserve de la biosphère en 2009. Un article de Mikaël, de Voyageurs du Net, initialement destiné à être publié sur Check In Trivago.
Sans être un secret ni un lieu mystérieux et inconnu, le parc national des lagunes de Montebello est tout de même un peu à l’écart du grand axe touristique régional (Oaxaca-San Cristóbal de las Casas-Palenque). Certes, durant le parcours que nous y avons fait, nous y avons bien croisé quelques étrangers ; certes, nous y sommes allés un peu avant la haute saison touristique (c’était courant juin 2013), mais je pourrais parier que toute l’année, cet endroit demeure assez modestement fréquenté.
Résidant à Quetzaltenango, mon ami Marco et moi avons profité de la nécessité de renouveler notre visa touristique pour passer une semaine de vacances autour de Comitán de Domínguez, une petite ville calme et charmante. Quelques jours plus tard, nous partons en direction de Tziscao, village où se pratique le tourisme communautaire (les guides d’écotourisme solidaire « Echoway » y ont consacré une fiche), un des deux projets étant géré par la collectivité locale, l’autre par la coopérative de café bio.
Nous avons donc passé là deux nuits dans un bungalow en bois, rustique et confortable, à quelques mètres de la lagune homonyme du village. Par un fait de hasard, nous sommes arrivés un jour où un groupe de musique évangélique en tournée passait par l’église locale. Nous voilà bientôt assis à l’extérieur, dans l’odeur de grillades, à manger et causer un peu avec les villageois en fête.
Le lendemain, nous partons avec un guide faire une tournée des lagunes, aux confins du Chiapas. Le principe de sauter de lieu en lieu n’a pas nos faveurs habituellement, mais nous optons pour cette solution et, sous un soleil généreux nous voilà partis en pick-up. D’abord, nous partons pour une lagune (Yichen) traversée par la frontière mexico-guatémaltèque. Une ligne de délimitation faite de ballons flottants signale, au milieu de la lagune, la séparation entre les deux pays. Sans douane, nous passons côté guatémaltèque… où l’on nous apprend que celle-ci est située un peu plus au sud, sur une route.
La journée se passe entre baignades, dégustation de l’eau savoureuse et non-polluée des lagunes et promenades paresseuses. Une gêne pointe peu à peu, en sentant l’obscénité de notre présence de passagers friqués dans des espaces de grande pauvreté.
Et persiste, par ailleurs, ce sentiment de n’avoir pas « mérité » ces lieux visités. Pour avoir réalisé diverses randonnées plus ou moins ardues, nous savions l’un et l’autre que l’émerveillement est souvent moins dû au lieu en lui-même qu’à l’effort dont il est la récompense. Et c’est le regret majeur de cette excursion, une leçon pour nous. Du reste, il aurait été possible d’engager ce même guide pour nous accompagner en randonnée. Si c’était à refaire, ce serait à coup sûr en marchant : le plaisir et la fierté ne sont pas dans la collection et l’accumulation d’un maximum de lieux visités, mais dans le plaisir de la lenteur et la joie d’être ensemble, dans des rencontres simples et non motivées exclusivement par la transaction monétaire, et dans la récompense dérisoire mais méritée d’une vue sur des étendues d’eau dont la beauté, malgré tout, nous reste à l’esprit.