Un peu à l’écart de la zone la plus agitée de la ville, au pied de la citadelle Vauban, est le parc zoologique de Lille, lieu de promenade et de découverte qui a le privilège d’être gratuit. Lors de mon séjour à Lille, j’y suis allé plusieurs fois. Ayant retrouvé quelques photos dans mes archives, je me suis dit que j’allais vous en parler.
Le zoo de Lille n’est pas une de ces gigantesques attractions avec spectacles d’otaries ou de perroquets et des animaux par milliers. Son charme a quelque chose de tranquille, de plus discret aussi (mais peut-être est-ce une impression faussée par le fait que j’avais le luxe de pouvoir m’y rendre en semaine…?). Il a beau attirer un million de visiteurs à l’année, il s’en dégage tout de même quelque chose de très apaisant, familial, une dimension assez humaine – a fortiori pour quiconque a la chance de pouvoir le visiter en semaine, lorsque la fréquentation y est plus faible.
Parmi les pensionnaires du zoo, divers animaux recueillis lors de saisies policières ou douanières, qui permettent de sensibiliser à ce commerce illégal. Le trafic animalier constitue en effet le troisième plus important commerce illégal au monde, après les armes et la drogue. Parmi ces animaux, divers oiseaux (perroquets et perruches, notamment) ou serpents.
Ayant eu l’occasion de visiter des zoos çà et là de par le monde, je suis, sur le sujet, mitigé. A la fois, ils sont très nécessaires à la pédagogie, à la sensibilisation – dès l’enfance – à l’environnement et aux problématiques telles que le trafic animalier, ainsi qu’à la conservation. (C’est d’ailleurs le cas, par exemple de la sarcelle de Bernier, espèce malgache de canard considérée par l’Union internationale pour la conservation de la nature comme étant « en danger » de disparition. Le zoo de Lille est partie intégrante « d’un programme européen d’élevage mené par le zoo de Jersey et auquel l’équipe du zoo de Lille souhaite participer activement », peut-on lire sur le site Nord Mag.)
Mais ils sont aussi symptomatiques d’une culture considérant, selon l’héritage de Descartes, que les humains ont vocation à « [se] rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » – et non partie intégrante. Une culture qui, dès lors, catalogue le monde entier, encage les êtres, encyclopédifie la réalité pour la faire entrer dans l’empire de la Raison. Or, cela conduit dans les pires cas à faire l’amusement des visiteurs aux dépens de bêtes dépressives – il n’est en effet pas nécessaire d’être éthologue pour réaliser l’état dépressif d’animaux qui tournent en rond et/ou crèvent d’ennui.
Mais, au zoo de Lille, ce n’est pas cette impression que laisse ce zoo : il faut dire que le respect de la vie animale est en France bien plus acquis que dans bien des pays du monde. Bien sûr, les espaces où évoluent les animaux sont parfois très étroits, surtout dans les vivaria. Mais les volières laissent suffisamment d’espace aux animaux pour évoluer ; les îles aux singes également, qui leur offrent l’espace et les agréments de jeu qui, d’ailleurs, font la joie des visiteurs. Des naissances de bébés singes semblent des indicateurs signalant la qualité de vie des occupants.